Après deux ans de pandémie, je me pose encore et toujours la même question fondamentale : sommes-nous prêts à faire face à l’accélération du vieillissement de la population ?

Les personnes aînées ne sont pas toutes en perte d’autonomie. Ce sont entre autres vos parents, qui prolongent leur carrière et qui aiment voyager. Ce sont vos grands-parents, qui font du vélo. Vos tantes et vos oncles, qui sont dans un club de lecture. Des semi-retraités qui occupent un emploi à temps partiel dans un commerce de votre quartier. Et des bénévoles qui donnent un coup de main dans de nombreux organismes.

Leur apport à la société est immense, que ce soit par exemple sur le marché du travail ou auprès de leur famille.

En bonne santé et actives, ces personnes aînées devront néanmoins avoir recours à des soins de santé tôt ou tard. Que voulez-vous, c’est la vie. Nous savions que ce moment arriverait et que la demande en soins serait plus grande en raison du vieillissement de la population. Mais notre système de santé ne semble pas s’y être préparé adéquatement.

Cela dit, ces personnes ont-elles vraiment toutes besoin d’être soignées à l’hôpital ?

Le premier ministre François Legault et son ministre de la Santé, Christian Dubé, veulent effectuer une « refondation » du réseau de la santé. Il faut s’y mettre rapidement parce que les changements ne se feront pas en claquant des doigts.

L’échec n’est pas une option. Il faut faire en sorte que les soins répondent aux volontés des Québécoises et Québécois afin d’assurer un vieillissement dans la dignité aux aînés d’aujourd’hui, mais également à ceux de demain.

Priorisons les soins et services à domicile

Comme un boxeur après avoir livré un furieux combat de 12 rondes, notre système de santé est amoché par deux ans de pandémie.

Afin de le sortir de l’hospitalocentrisme qui le mène à sa perte, il faut plus que jamais mettre les efforts afin de développer des soins médicaux à domicile dignes du XXIe siècle.

De nombreux exemples, ici et dans le reste du monde, démontrent que cette avenue est gagnante pour les patients, mais aussi pour le réseau de la santé.

Au Réseau FADOQ, nous recevons des tonnes de messages d’aînés qui réclament l’élargissement de l’offre de soins et de services à domicile. Il faut leur donner les outils afin qu’ils restent chez eux le plus longtemps possible. C’est leur souhait le plus cher. D’ailleurs, des études ont démontré que c’est financièrement avantageux pour l’État.

Des changements profonds nécessaires

Au-delà des investissements, qui doivent au moins rejoindre la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il faut revoir tout le mode de fonctionnement des soins à domicile. La décentralisation des établissements est nécessaire afin que les décisions soient prises plus près du terrain.

Pour augmenter l’offre de soins à domicile, il faudra continuer de décloisonner les professions de la santé.

Le gouvernement et les ordres professionnels doivent prendre les grands moyens pour que tout le monde soit mis à contribution dans cette révolution des soins aux aînés.

Ce n’est un secret pour personne, mais il faudra aussi attirer des jeunes dans le domaine de la santé afin que le réseau soit prêt à faire face à ce qui s’en vient. Sans tarder, il faut améliorer les conditions de travail, promouvoir ces emplois et augmenter les cohortes pour que les finissants arrivent le plus rapidement possible sur le marché du travail.

Les défis sont nombreux pour le système de santé québécois. Les soins et services à domicile ne sont qu’une partie de la solution. Il faut passer tout le système aux rayons X, même si nous avons une bonne idée du diagnostic. Et le traitement doit commencer avant qu’il ne soit trop tard.

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