Comme chaque 8 mars, nous avons souligné cette semaine la Journée internationale des droits des femmes. Nous avons mentionné les progrès réalisés ces dernières décennies, mais nous avons surtout insisté sur l’avenir en répétant ce qui est maintenant la formule consacrée : « il reste beaucoup de travail à faire ».

Notre époque tient comme une évidence que chaque sphère de la société se doit d’avoir une représentation paritaire entre les hommes et les femmes. C’est si évident qu’on prend rarement le temps d’expliquer les raisons qui justifient une telle affirmation.

La justification sous-entendue, mais rarement explicitée, derrière une telle affirmation est qu’une forte majorité de femmes ou d’hommes dans un domaine doit s’expliquer par une quelconque forme de construction sociale qui discriminerait un sexe, généralement les femmes.

Un paradoxe contre-intuitif

Pourtant, ce désir d’égalité réelle, qui ne relève plus de la simple égalité formelle des droits, ne va pas nécessairement de soi. En prenant en compte ce qui est commun d’appeler le « paradoxe de l’égalité des sexes », nos préconceptions ne peuvent qu’être chamboulées.

Si, comme le veulent les préjugés de l’époque, les différences entre les sexes s’expliquaient surtout par une structure patriarcale oppressante, on s’attendrait plutôt à la neutralisation de ces différences dans les pays égalitaires. Or, c’est bien souvent le contraire que l’on observe.

C’est que plus une société devient égalitaire, plus les hommes et les femmes ont tendance à se différencier sur plusieurs plans (traits, intérêts, travails, etc.). Cette règle tolère bien des exceptions, mais les sciences sociales et la psychologie ont observé une telle tendance depuis des décennies.

Prenons un exemple classique pour illustrer le propos. Dans les pays les plus égalitaires comme la Norvège, on retrouve une division du travail nettement sexuée, même beaucoup plus qu’ailleurs dans le monde. Les hommes sont surreprésentés dans certains domaines comme l’ingénierie, alors que les femmes le sont en sciences infirmières et en médecine.

Au Québec, nous observons d’ailleurs le même phénomène, alors que les femmes sont fortement majoritaires en médecine et cette tendance ne fait que s’accentuer année après année.

Ce paradoxe se résout toutefois facilement. Dans une société qui tend à neutraliser les discriminations et à atténuer les diverses pressions sociales et économiques, il est normal que les inclinations qui sont en partie déterminées par notre biologie guident le choix des individus.

Refuser cette idée, ce serait adhérer à une forme de créationnisme nouveau genre où l’être humain serait la seule espèce à ne pas avoir des rôles qui sont fondés sur les différences sexuelles.

Une fois cela établi, il ne s’agit pas évidemment de dire que les femmes ou les hommes ont une quelconque essence et qu’une « vraie » femme en serait une qui travaille dans le domaine de la santé, alors qu’un « vrai » homme travaillerait dans la construction. Tous sont libres de choisir leur profession et nous devons même les encourager dans leur choix. Tout en reconnaissant cela, il apparaît assez évident qu’il existe généralement des différences entre les hommes et les femmes.

Réflexion pour le prochain 8 mars

Le paradoxe de l’égalité des sexes remet donc en cause la nécessité d’une parité partout tout le temps, car celle-ci n’est pas le fruit de choix individuels, mais plutôt d’une ingénierie sociale imposée par on ne sait quels architectes de conscience.

La question pour le 8 mars prochain ne devrait donc pas concerner l’atteinte ou non de la parité ou bien les manières de l’atteindre.

Les véritables questions que nous devons nous poser touchent plutôt ce que nous devons faire de ces différences sexuelles. Doit-on les prendre en compte ? Comment ? Jusqu’à quel point ? Dans tous les milieux ? Dans tous les emplois ? Dans la vie privée ?

Voilà des questions complexes qui ne peuvent être résolues à l’aide de formules préfabriquées qui relèvent davantage du prêt-à-penser que d’une véritable réflexion.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion