Le Québec se relève tranquillement de l’une des plus grandes crises que nous avons connues. Sans surprise, la relance économique sera au menu de nos gouvernements et les dépenses en infrastructure seront de puissants leviers de la reprise. Au Québec, c’est plus de 77 milliards de dollars d’investissement qui sont prévus dans les infrastructures publiques au cours des cinq prochaines années. Devant de telles ambitions, les ingénieurs du gouvernement du Québec sont sceptiques. Comment allons-nous encadrer adéquatement ces contrats publics alors que rien n’a changé depuis la commission Charbonneau ?

L’affaiblissement de l’expertise interne du gouvernement en ingénierie est dénoncé chaque année par tous les experts crédibles, notamment le vérificateur général. La précarité troublante de nos infrastructures publiques, que l’on connaît aujourd’hui, est symptomatique du rôle secondaire de l’ingénieur du gouvernement dans le processus décisionnel. Cette triste situation est l’héritage d’une orientation politique qui s’est instituée au début des années 2000 et qui est fondée sur la sous-traitance disproportionnée. Aujourd’hui, l’incapacité de l’ingénieur du gouvernement à influencer les décisions et à adéquatement encadrer les travaux d’infrastructure se démontre constamment. Devant l’inacceptable de leur quotidien, les ingénieurs du gouvernement ont décidé de contribuer à la solution par la rédaction d’un mémoire qui expose les moyens pour corriger les problèmes systémiques du ministère des Transports du Québec et au gouvernement du Québec.

Nous proposons notamment de donner la formation nécessaire pour reconstruire notre expertise. Nous proposons de doter les ingénieurs du gouvernement des mêmes logiciels et outils de travail que ceux couramment utilisés par le secteur privé. Surtout, il est impératif de bonifier notre rémunération.

C’est simple : l’ingénieur au gouvernement est l’ingénieur en génie civil le moins bien payé du Québec, tant au secteur privé que public. Avec de telles conditions, comment attirer et retenir l’expertise ? Quelle est la vision du gouvernement ?

Nous pouvons comprendre pourquoi les gouvernements précédents pouvaient profiter d’ingénieurs sans expérience, sans outils technologiques, donc dociles. Mais le gouvernement de la CAQ ne devrait pas endosser cette situation. Il a l’occasion de corriger les erreurs du passé. Nous le demandons haut et fort, avant d’engager le Québec sur la voie de dépenses records aux entrepreneurs et firmes de génie-conseil, prenez une infime partie de ces budgets pour restaurer l’expertise de ceux et celles qui vont contrôler et encadrer vos investissements en infrastructure. Cela n’est rien d’autre que d’agir de manière responsable.

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