Mon cher Vladimir, j’ai un gros problème... que tu commences à régler : à qui ressembles-tu le plus ? Hitler, Staline, Yvan le Terrible ?

Ce dernier ne fait pas le poids ; d’ailleurs le nom Grozny veut dire « redoutable » plus que terrible et puis cela rappelle la capitale de la Tchétchénie dont la démolition est autant le produit initial de Eltsine que le parachèvement de Poutine. En plus, crever l’œil de son architecte pour qu’il ne reproduise pas la merveilleuse cathédrale de l’Intercession ailleurs n’est qu’une preuve – douloureuse – de l’estime que le Tsar lui vouait... autre temps, autre mœurs !

Staline comme compétiteur, c’est assez costaud, incontestablement. Sous sa gouverne, on parle de 20 millions de morts, tous critères confondus, civils et militaires, 10 millions dans l’horreur des purges et 10 millions dans l’honneur vénéré d’une guerre brutale et inhumaine. Les crimes commis ont été révélés par Nikita Khrouchtchev dont la grande famine d’Ukraine, « Holodomor », harmonieux mélange de famine et de meurtre imposé par le dictateur parce que les Ukrainiens refusaient la collectivisation..

Ces Ukrainiens sont insupportables, ils le prouvent encore aujourd’hui. Ils résistent comme le village gaulois d’Astérix et Obélix et ils n’ont pas la potion magique de Panoramix. Le résultat : 4 millions de morts, 15 % de la population... Mais le monde a pardonné à Staline parce que, sans lui, la Seconde Guerre mondiale aurait duré passablement plus longtemps. C’est ce que le président français, Emmanuel Macron, a rappelé quand il a évoqué l’effort de guerre commun pour mettre fin à la folie hitlérienne et appelé le peuple russe à se rappeler des valeurs communes que leur président bafoue.

Mais Poutine, c’est autre chose parce que nous sommes à une époque différente et transparente qui, étonnamment, loin de renforcer la vérité des propos, facilite la construction de réalités alternatives et conduit à un renforcement des modalités de contrôle des messages. Le médium est le message, disait le célèbre penseur de chez nous, Marshall McLuhan... mais ce n’est plus tout-à-fait vrai. Les supports des messages se sont démultipliés et le mensonge ou la désinformation l’emporte sur la vérité trois fois sur quatre, semble-t-il.

Et Poutine, comme Hitler, joue le rôle de l’attaqué pour se transformer en attaquant. Parler de dénazification à un président juif qu’il exècre parce que non seulement il est le successeur de la révolution du Maidan, mais qu’il a été élu par plus de 70 % des voix.

C’est un résultat presque identique à celui que Poutine a obtenu en 2018 avec 77 %. Si les présidents démocratiquement élus commencent à obtenir des scores de dictateurs, cela devient dangereux. Il faut mettre fin à cette turpitude éhontée...

Créer des petits États indépendants en pleine Ukraine, même si c’est sidérant pour le reste du monde, serait risible si ce n’était une preuve additionnelle que le locataire à long terme du Kremlin déraille complètement, ou plutôt qu’il légitimise son action de « défense » sur une surréalité qui rivalise avec celle de l’œil crevé de l’architecte d’Ivan le Terrible.

Alors, mon cher Vladimir, parlons plutôt de tes ambitions : recréer l’Union soviétique. Ton grand copain Lavrov que j’ai eu l’insigne – pardon, l’indigne – honneur de fréquenter à l’occasion, nous a bien dit que « l’opération militaire spéciale » ne visait pas les civils. Il faudrait aller le dire aux 500 Ukrainiens et plus qui ont déjà perdu la vie, au près de 1 million de réfugiés qui fuient les bombardements ! Bravo aussi pour l’utilisation d’armes interdites ! Peut-être Poutine devrait lire le Code Lieber du temps de la guerre civile américaine qui est à l’origine des conventions de La Haye de 1899 et 1907, raffinées et élargies au fil des ans, comme l’interdiction des mines anti-personnel, gloire canadienne, que la Russie n’a jamais signé – il faut bien garder quelques joujoux dans son arsenal, surtout contre les civils. Ton copain chinois te regarde avec admiration car il pense qu’Ukraine rime avec Taiwan (il n’est pas un grand poète, mais ce n’est pas une des conditions pour devenir dictateur !).

J’ai quand même une nouvelle pour toi : tu es un émule de Hitler mais on te fait confiance pour être tenté de le dépasser. Malheureusement, tu es déjà fini. À court terme, tes oligarques vont décider de t’éliminer et l’Ukraine restera indépendante. Si tu restes au pouvoir et que tu ne transformes pas ton pays en autre chose qu’une station d’essence, ce seront les Chinois qui domineront la Russie et seront heureux d’un accès sans ambages à tes ressources naturelles. Si tu ne joues pas leur jeu, ils sauront à leur tour t’envahir... en protégeant les civils, bien entendu... Déguerpis !

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