Ce qui nous maintient en vie quand tout va mal, c’est en partie la curiosité de ce qui risque d’arriver, l’espoir que, contre toute attente, les choses vont s’améliorer, que cela va peut-être même bien finir.

C’est ce qui explique que, par leur optimisme et malgré leur côté non politiquement correct, les aventures de Tintin aient du succès partout dans le monde.

Pauline Julien

L’histoire n’a d’ailleurs pas besoin de toujours bien finir – notre petite histoire à tous finira mal de toute façon un jour. Mais en attendant, l’important est que l’on vive, tout en essayant de donner un sens à notre vie et de la rendre la plus intéressante, voire la plus palpitante possible.

C’est à cela que j’ai pensé samedi soir en sortant ragaillardi d’une représentation théâtrale – comme le théâtre nous a manqué ! – sur la vie de Pauline Julien, superbement incarnée par la comédienne Catherine Allard.

La vie de la passionaria des grandes années du nationalisme québécois a été marquée par l’échec de ses rêves d’indépendance pour se terminer tragiquement, la chanteuse s’étant donné la mort après des années d’une maladie dégénérative l’ayant privée de la faculté de parler.

Mais la pièce montre que peu importe au fond, puisque Pauline Julien a magnifiquement vécu sa vie, avec fougue et passion, qu’elle a rêvé, chanté, agi et aimé le poète et politicien Gérald Godin.

Et on se dit que l’indépendance du Québec se réalisera peut-être un jour. Ou pas…

Magie de la politique

Vous vous demandez sans doute où le présent chroniqueur veut en venir. À la bonne vieille politique, bien sûr. À laquelle on revient toujours malgré les déceptions sans cesse renouvelées, le cynisme toujours tentant.

Comme la loi de la jungle dont elle constitue l’encadrement, la politique n’est souvent ni morale ni juste, même si elle peut l’être et que le pire n’est jamais certain : la Russie envahira peut-être l’Ukraine, mais la Chine laissera peut-être Taiwan tranquille, alors que la planète ne finira pas carbonisée.

La politique, c’est sa magie, est faite à l’image de la vie elle-même : d’espoirs sans cesse renouvelés, de choses qui ne devaient pas arriver et arrivent pourtant.

Mais encore faut-il garder l’espoir, la jeunesse de l’espoir. Prenez la nouvelle politique de la semaine dernière, ce sondage montrant l’impressionnante progression du Parti conservateur d’Éric Duhaime.

Qui aurait pensé que le si méprisé et si ridiculisé Duhaime dépasserait Québec solidaire, qu’il ravirait sa place au darling du printemps érable, ce Gabriel Nadeau-Dubois que François Legault s’était soigneusement choisi comme adversaire ?

Le premier ministre paie clairement le prix du traumatisme collectif que son gouvernement a imposé aux Québécois durant les Fêtes en se préoccupant trop exclusivement du système de santé, alors qu’en profite l’opposant le plus clair et le plus déterminé à sa gestion sanitaire.

La peste brune

L’émergence d’Éric Duhaime ne sera-t-elle qu’un feu de paille ? Sombrera-t-il rapidement sous les attaques de commentateurs qui lui sont presque unanimement hostiles ? Sera-t-il irrémédiablement discrédité pour son côté populiste, ses accointances libertariennes dans une culture politique centriste depuis toujours et résolument progressiste depuis la Révolution tranquille ?

Quoi qu’il arrive, ceux qui jugent le Québec profondément enlisé dans une idéologie sanitaire malsaine ne sauraient que se réjouir que la montée de Duhaime amène Legault à bouger sur ses restrictions, n’en déplaise à tous les commentateurs experts autoproclamés de la Belle Province.

L’émergence de Duhaime redonne également espoir à ceux qui estiment que le Québec aurait besoin d’un conservatisme modéré, de bon aloi, de la même façon qu’une auto a besoin de freins pour ne pas aller se perdre dans le décor.

Cela dit, pour être en mesure d’oser seulement envisager que la nouvelle donne politique québécoise qui s’annonce ait des aspects positifs, il importe de ne pas décider, dès le départ, comme vient de le faire un chroniqueur connu, que le conservatisme est un virus. Pourquoi pas la peste brune, tant qu’à y être ?

Il faut surtout être capable de faire ce que la société québécoise semble de moins en moins capable de faire : assumer le risque indissociable de toute vie.

À François Legault

Un gros merci, Monsieur le Premier Ministre, pour avoir abandonné cette folle réforme du mode de scrutin qui ne pouvait avoir comme conséquence à terme qu’une baisse du poids politique des francophones au Québec.

On regrette juste que vous n’ayez pas été capable d’admettre qu’un chef de gouvernement n’est jamais tenu de mettre en application toutes ses promesses électorales, que c’est au contraire son devoir de ne pas le faire quand il réalise qu’une de ces promesses était manifestement malavisée.

Merci également pour l’abandon du financement masochiste de notre anglicisation collective dans le dossier du collège Dawson. Dans le prolongement de cette décision, il ne vous reste plus qu’à appliquer la loi 101 aux cégeps.

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