Au Québec, nombreux sont ceux qui demandent une réforme majeure du système de santé. Le temps est venu de répondre à ces appels et de faire de notre système monopolistique un réseau mixte, où l’on reconnaît l’importance des ressources parallèles dans l’amélioration de l’accès aux soins de santé et de leur qualité pour les patients.

La bonne nouvelle ? Ces solutions ont déjà été testées et adoptées dans d’autres pays dotés d’un système de santé universel, comme le Royaume-Uni et la Suède. Il ne reste plus qu’à nous fier à leur expérience et à ajouter notre petite touche personnelle, au besoin.

Mais qu’est-ce qui garantit une recette gagnante ? Des ingrédients, ou réformes, qui se marient bien à la Loi canadienne sur la santé et qui se sont avérés bénéfiques pour les patients. Mais attention, comme dans n’importe quelle recette, l’ordre d’incorporation est tout aussi important que les ingrédients eux-mêmes.

Dans un premier temps, il faut adopter le dossier médical électronique et améliorer l’accès aux données sur la santé. Dehors, dossiers manuscrits et communications par télécopieur ! Il est temps que ces pratiques archaïques laissent place aux technologies de l’ère moderne. Ce faisant, il sera entre autres possible de planifier les soins de santé selon des données probantes et de faciliter l’accès au profil des patients.

Libérer la capacité du système de santé

Ensuite, il faut lever l’interdiction de souscrire une assurance duplicative, puis celle empêchant la pratique mixte. Si les Québécois pouvaient souscrire une assurance duplicative sans restriction, les patients qui souhaitent se tourner vers le secteur entrepreneurial auraient beaucoup plus de choix. Et une fois l’interdiction touchant la pratique mixte levée, les professionnels de la santé pourraient travailler à la fois dans le secteur indépendant que celui géré par le gouvernement, sans avoir à s’y retrouver dans les dédales administratifs pour rejoindre ou quitter le réseau public.

Certains craindront peut-être que la combinaison de ces deux ingrédients n’entraîne une diminution des ressources dans le secteur géré par le gouvernement. Mais qu’ils se rassurent, la recette prévoit trois mesures pour accroître le nombre de professionnels de la santé : la simplification du processus d’intégration pour les médecins formés à l’étranger désirant pratiquer au Québec, l’élimination des quotas dans les facultés de médecine et la création d’un permis national permettant aux médecins de pratiquer partout dans le pays. Sans augmentation du capital humain, l’accès aux services de santé demeurera sous-optimal, et notre système de santé manquera perpétuellement de ressources.

Mettre en place les bonnes incitations

Une fois ces étapes franchies, les conditions idéales devraient être réunies pour passer à un financement des hôpitaux québécois en fonction des activités. Le financement en fonction des budgets basés sur les coûts des dernières années – le modèle actuel – incite peu les hôpitaux à innover ou à améliorer la qualité ou l’efficacité de leurs soins. Or, dans cette nouvelle formule, le budget des hôpitaux serait défini en fonction du volume réel de patients et de la gravité de leurs troubles de santé. Il s’agit là de l’ingrédient clé : comme l’argent dépendrait désormais de la patientèle, celle-ci deviendrait une source de revenus plutôt qu’une charge. Il serait ainsi inutile de tenter de la rationner par de longues listes d’attente.

Enfin, la cerise sur le gâteau, la dernière étape de cette recette testée et approuvée consiste à déléguer à des entrepreneurs la gestion de certains hôpitaux, qui demeureront néanmoins sujets au financement de l’État. Cette réforme ne compromettra en rien l’universalité du système de santé, les soins demeurant gratuits au point de service.

En revanche, qui dit concurrence pour attirer les patients (désormais sources de revenus avec l’instauration de l’étape précédente) dit gains d’efficacité opérationnels… un plus pour la patientèle !

Principaux acteurs de la crise depuis deux ans, nos professionnels de la santé se donnent corps et âme pour nous soigner, mais ils ont beau faire le maximum, il y a une limite à ce qu’ils peuvent accomplir dans un système qui semble ligué contre eux. Ces courageux travailleurs méritent un milieu flexible et adapté aux besoins de leurs patients.

Avec un soupçon de volonté politique et un filet d’huile de coude, ces réformes pourraient enfin propulser le système de santé du Québec dans le XXIe siècle et placer l’efficacité institutionnelle et le bien-être des patients au sommet des priorités, comme il se doit.

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