L’actualité des derniers jours concernant le projet du REM de l’Est n’a pas manqué de rebondissements. Les questions soulevées sont fondamentales pour le bon développement du transport collectif. Or, cela soulève un enjeu encore bien plus grand : celui de l’arrimage nécessaire des différents réseaux pour assurer la fiabilité et l’efficacité des services sur l’ensemble du Grand Montréal.

D’emblée, il est essentiel de rappeler que les usagers de la ligne exo5 Mascouche sont déjà affectés par l’arrivée du REM dans la grande région montréalaise. Ironiquement, la ligne Mascouche, également appelée le Train de l’Est, avait justement été créée pour mieux répondre aux besoins en transport collectif des citoyens de la couronne nord et de l’est de l’île de Montréal. C’était il y a huit ans, soit en 2014. ⁠1

La ligne Mascouche freinée

Jusqu’en 2019, les usagers de la couronne nord bénéficiaient d’une infrastructure structurante et d’un accès direct au centre-ville. La croissance que connaissait cette ligne année après année a d’abord été radicalement freinée par le début des travaux permettant la construction du REM, occasionnant alors d’importants retards sur cette ligne et sur celle de Deux-Montagnes.

En mai 2020, la fermeture complète du tunnel Mont-Royal a donné un second gros coup de frein en augmentant significativement le temps de parcours des usagers. L’attractivité de cette ligne en a pris pour son rhume. Et les données d’achalandage annuel en témoignent.

Achalandage annuel de la ligne Mascouche

  • 2014 : 104 000
  • 2015 : 1 319 000
  • 2016 : 1 650 300
  • 2017 : 1 822 500
  • 2018 : 1 852 300
  • 2019 : 1 763 800
  • 2020 : 390 000*
  • 2021 : environ 110 000* (*année de pandémie)

Jusqu’à la mise en service de la branche ouest du REM qui aura lieu au plus tôt en 2024, la clientèle de la ligne exo5 Mascouche doit opter pour une correspondance peu attrayante dans le nord de la ville ou un temps de parcours encore moins attrayant jusqu’au centre-ville de Montréal. Aucune amélioration de la desserte en transport collectif pour la clientèle de ces municipalités n’est prévue. Par conséquent, nul ne sera surpris de ne pas retrouver le taux d’achalandage prépandémique sur la ligne exo5 Mascouche, malgré la levée de l’obligation de télétravail.

Des solutions limitées

Avec l’ajout de deux nouvelles branches du REM vers l’est comme il est présenté dans la seconde phase du projet, il semble difficile d’envisager le maintien en parallèle d’un autre mode de transport structurant dans ce même axe.

Les solutions sont limitées pour assurer l’avenir de la ligne exo5 Mascouche. Les usagers de la couronne nord et ceux à proximité des gares existantes dans l’est de Montréal demeureront-ils des usagers du transport collectif ou seront-ils découragés par l’ajout de correspondances ?

Gagner de nouveaux usagers dans le transport collectif est essentiel à la mobilité durable… mais encore faut-il s’assurer de conserver les utilisateurs actuels.

Nos inquiétudes ne concernent pas seulement l’infrastructure ou le matériel roulant qui pourraient devenir sous-utilisés. Elles sont réellement centrées sur les usagers de cette ligne qui l’ont adoptée depuis 2015 et sur la qualité des services de mobilité qui leur seront offerts. Dans l’état actuel des choses, la ligne exo5 Mascouche pourrait être largement abandonnée par les usagers bien avant l’arrivée du REM de l’Est, réduisant à néant une ligne dont l’investissement collectif représente 750 millions de dollars.

La solution parfaite pour sauver cette ligne n’existe pas. Néanmoins, un nouveau tour de roue pour bonifier le projet du REM de l’Est en tenant compte de l’environnement de transport existant est nécessaire. Exo et ses experts répondraient présents pour participer à cette réflexion. Les citoyens et les usagers de la ligne Mascouche méritent qu’on s’attarde à eux de toute urgence.

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