L’auteure s’adresse au premier ministre, François Legault

Aujourd’hui, je m’adresse à vous, M. Legault. C’est mon cœur de maman impuissant qui s’adresse à vous. Vous savez comme moi que les efforts ont été considérables de la part de nos enfants durant les deux dernières années. C’est une grande partie de leur enfance ou de leur adolescence qui a été mise sur pause.

Bien malgré eux. Bien malgré nous.

Outre cette situation, M. Legault, je me dois, en tant que citoyenne, de vous mettre au courant de ce qui se passe réellement dans nos écoles. Pas concernant l’aération, puisque vous devez vous douter, sans l’avouer, que c’est loin d’être l’idéal. Pas concernant les demandes d’aide aux parents pour accomplir de la surveillance puisque vous devez aussi vous douter, sans l’avouer, que c’est loin d’être l’idéal.

Je dois vous raconter une situation qui représente la vie scolaire de ma fille au secondaire depuis le mois de septembre dernier. Sa vie, mais aussi celle de plusieurs adolescents aux quatre coins du Québec.

La semaine dernière, ma fille m’envoie un message texte pour me parler d’un sujet en particulier. Je fronce alors les sourcils et je regarde l’heure. Je fais pratiquement fi de sa question et lui demande si elle est pendant sa période de cours à ce moment-là. Elle me répond par l’affirmative en me disant que son professeur n’est pas là et qu’ils ont le droit d’être sur leur téléphone en attendant que le cours se termine. Mon vase de tolérance a alors débordé ; c’était la troisième fois de la semaine. J’aurais été plus que compréhensive si la situation avait résulté du retour à l’école en présentiel de janvier, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. C’est pratiquement une à deux fois par semaine depuis septembre que nous avons une discussion ensemble à ce sujet. La plupart du temps, quand elle a la chance d’avoir un remplaçant, la personne en place n’a pas de matière théorique à donner aux élèves. Donc ma grande, aujourd’hui une élève de 4e secondaire, a passé plusieurs heures depuis le début de l’année à regarder Netflix.

M. Legault, je ne sais pas si vous vous en doutez, mais cette situation n’aide en rien la motivation. Ma fille se lève à reculons et se demande pourquoi l’école à distance n’a pas continué puisque cela lui donnait au moins la chance de faire autre chose pendant les cours où le professeur est absent.

À qui s’adresser ?

Je me suis demandé à qui m’adresser pour obtenir des explications. Ma fille me suppliait de ne pas le faire par peur de représailles. À la direction de l’école ? Au centre de services scolaire ? Au corps professoral ? En tant que parents, nous voyons les professeurs tenter de faire tout ce qu’ils peuvent pour représenter un semblant de normalité pendant leurs cours tout en restant agiles avec toutes les demandes qu’exige une gestion de pandémie. Je leur aurais dit quoi ? D’en faire encore plus ?

Alors je vous écris. Je vous demande, avec la plus grande humilité, de reconnaître la situation et d’admettre à nos adolescents que ce n’est pas le système d’éducation que nous espérons pour le moment et pour le futur. Je vous demande de vous entretenir avec le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, pour lui demander d’arrêter de répéter à la population qu’il n’y a que très peu de bris de service dans nos écoles. J’en tremble chaque fois.

Du délestage de niveau 4, il n’y en a pas seulement dans notre réseau de santé et pas que depuis la période des Fêtes.

L’éducation ne peut être repoussée en attendant que tout aille mieux. Et bien que des solutions soient ou seront mises en place, nos enfants méritent qu’on leur dise la vérité. Nos professeurs aussi. Nos directions aussi.

Vous avez souvent répété en conférence de presse que ce qui était le plus important pour vous était que nos enfants soient à l’école et qu’ils aient accès à de l’éducation.

Ma fille n’a pas accès à l’éducation.

Ma fille a accès à une école.

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