Les meurtres de trois adolescents en 2021, Meriem Boundaoui, Jannai Dopwell-Bailey et Thomas Trudel, et celui d’Amir Benayad en 2022, nous interpellent. Les jeunes victimes d’exploitation sexuelle également. Le manque de respect pour la vie et le sentiment d’impunité des membres de gangs de rue sont favorisés, entre autres, par le laxisme des lois du Canada.

Afin d’éviter que les 187 évènements de coups de feu à Montréal, en 2021, rejoignent les 450 évènements semblables de Toronto, il y a urgence d’agir. Notre communauté de citoyens propose 16 actions concrètes.

Au fédéral, à Justin Trudeau et Marco Mendicino, nous proposons :

1. De créer un comité parlementaire, transpartisan, pour changer les paradigmes. Notre communauté croit que les solutions sont multiples. Amélioration des conditions socio-économiques, prévention, partenariat, introspection, mentorat jeunesse, mais aussi répression.

2. De réviser les articles 467,1 à 467,14 du Code criminel (crime organisé et protection des personnes associées au système judiciaire), adoptés en 2001, afin d’adapter la loi sur le gangstérisme aux nouvelles réalités du crime organisé, en criminalisant l’appartenance à un gang de rue reconnu.

3. De réviser la loi C-75, promulguée le 21 juin 2019. Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications à certaines lois, afin que les mineurs impliqués dans des crimes violents contre la personne subissent un traitement qui reflète la gravité objective du crime commis.

4. De réviser de façon urgente le projet de loi C-5, sur les peines minimales obligatoires à abolir, particulièrement en ce qui concerne les crimes reliés aux armes à feu. Actuellement en étude, il est en dichotomie totale avec la violence armée, causée par les gangs de rue.

5. D’investir afin de développer des sources criminelles et d’améliorer les mesures de contrôle aux frontières et en périphérie des réserves autochtones, afin de diminuer le trafic d’armes à feu illégales utilisées par des criminels.

6. D’assurer l’indépendance des organisations policières canadiennes, qui souhaitent intervenir dans les réserves autochtones et auprès des criminels du crime organisé autochtone, sans interventionnisme politique. De sécuriser la collaboration avec les corps de police autochtones existants.

7. De reconnaître le fait que le contrôle des armes à feu légales est actuellement très efficace et que la réalité actuelle nécessite que les efforts soient concentrés sur les utilisateurs criminels d’armes illégales.

Au provincial, à François Legault et Geneviève Guilbault, nous proposons :

8. De valoriser vos policiers et policières, en paroles, mais surtout en actions, pour éviter le désengagement qui grandit au Québec et au SPVM, tel que l’a démontré la première phase de l’étude de l’École nationale de police du Québec, en novembre 2021.

9. De reconnaître que les policiers sont les experts en sécurité publique et que le travail des patrouilleurs comprend les interpellations et les interceptions de véhicules pour arrêter des criminels, saisir des armes, libérer des victimes de proxénétisme, prévenir le crime et récolter de l’information criminelle.

10. De valoriser l’article 636 du Code de la sécurité routière, qui permet les interceptions aléatoires. Cet article est essentiel à la prévention et à la répression de plusieurs infractions de type pénal, tels les conducteurs sans permis, ou avec les capacités affaiblies par l’alcool ou les stupéfiants.

11. Parallèlement, que les policiers et le Centre de renseignement policier du Québec (CRPQ) puissent générer des remarques, afin de diminuer les interceptions multiples du même propriétaire de véhicule, parfois assimilées à du profilage racial.

12. De prendre des mesures législatives, permettant de a) désigner des procureurs spécialisés en matière de gangs de rue, b) renforcer les conditions de remise en liberté (couvre-feu, interdiction de fréquenter un autre membre, rayon et surveillance électronique, etc.), c) donner un appui politique à des policiers désignés, tel le groupe Éclipse au SPVM, qui s’assureraient avec rigueur du respect des conditions.

À la Ville de Montréal, à Valérie Plante et Alain Vaillancourt, nous proposons :

13. À court terme, de mettre en place une ligne téléphonique, gérée par une équipe multidisciplinaire (policiers, travailleurs sociaux, intervenants communautaires — comme le Centre de prévention de la radicalisation), qui pourrait accompagner les parents qui voient leur enfant sombrer dans la violence.

14. Au sommet sur la violence armée, prévu par l’administration municipale, d’élargir la réflexion en prenant en considération l’ensemble des actions proposées par notre communauté.

15. De prendre conscience de la fragilité du lien de confiance entre certains citoyens et les policiers en mettant en place et en valorisant les initiatives d’immersion et de rapprochements, en étroite collaboration avec les organismes déjà engagés.

16. D’impliquer les familles des victimes, jeunes, policiers et intervenants sociaux, afin de cibler les problématiques et de mettre en place des solutions viables. D’éduquer les jeunes sur leurs droits, leurs responsabilités et sur les pièges associés aux gangs de rue et à l’exploitation sexuelle, via des ateliers impliquant des victimes de proxénétisme similaires au programme Les Survivantes⁠1.

Finalement, nous invitons l’ensemble de la classe politique à minimiser l’importance démesurée accordée à certains idéologues, aux prises avec des préjugés envers nos policiers. La majorité de la population a confiance en ses policiers. Les amalgames doivent cesser, au risque d’une plus grande démobilisation des policiers et d’une augmentation des crimes violents.

1. Découvrez le programme Les Survivantes

*Stéphane Wall a été superviseur au SPVM, il est maintenant retraité ; Anie Samson a été vice-présidente du comité exécutif de Montréal de 2013 à 2017 et mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension de 2006 à 2017 ; André Gélinas a été sergent-détective au SPVM, il est maintenant retraité. Autres signataires : Sylvain St-Amour, policier retraité du SPVM et enseignant ; Nawal Beckechi, détenteur d’un baccalauréat ès sciences de HEC ; Isabelle Shamlian, détentrice d’une maîtrise en intervention sociale ; Sarto Blouin, entrepreneur et avocat ; Naouel Nacef, éducatrice en milieu scolaire

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