C’est en dehors des hôpitaux que se trouve le salut de notre système de santé

Le 18 janvier 2022, c’est un ministre de la Santé fatigué qui a évoqué le bout du rouleau. Sa sous-ministre, la Dre Opatrny, est en réflexion avec un groupe de travail afin de revoir notre approche et notre prise en charge des malades.

Dans son Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée en contexte de pandémie de COVID-19, on évoque des compromis rendus nécessaires pour traiter le plus grand nombre au détriment de la qualité des soins. On précise que ce changement radical sera temporaire. Jamais, dans notre histoire récente, on n’aura vu le système de santé à ce point sur le bord du précipice.

Cette vision apocalyptique est une capitulation pure et simple du système incapable de penser « en dehors de la boîte ». Aujourd’hui, il nous faudra être imaginatifs pour concevoir des solutions plus originales et créatives.

Plus que jamais, il nous faudra établir des scénarios intermédiaires avant de songer au pire et de signer un armistice avec le virus et abdiquer sur « la qualité des soins ».

Un système de santé dépassé. Un système de santé brisé. Mais un système de santé capable de se relever !

Plusieurs l’avaient évoqué avant même la pandémie : notre système de santé est hospitalo-centré. Le contexte de pandémie mondiale de COVID-19 l’a démontré intensément. Le système de santé est à l’image d’un vaste champ de monoculture qu’il faut asperger avec toujours plus de pesticides et d’herbicides pour des rendements à la baisse. En deux ans, qu’a fait le gouvernement pour décentraliser et ainsi diminuer notre dépendance aux hôpitaux du Québec ? Le système a-t-il un filet de sécurité, un plan B ? Un plan de contingence ambulatoire ? Le système est-il capable de prévenir la survenue des cas graves ? C’est en dehors des hôpitaux justement que se retrouve la solution.

Des CLSC sous-exploités

C’est en 1970 que les premiers CLSC sont inaugurés. Aujourd’hui, ils sont répartis partout sur le territoire. Ces centres locaux de services communautaires sont d’abord des centres de services de proximité. Ils n’ont jamais été exploités à leur plein potentiel. Le gouvernement, par le truchement de la Santé publique, s’est affairé à rappeler les mesures barrières et à instaurer un processus efficace de vaccination, mais une fois les citoyens contaminés, qu’advient-il ? Ont-ils des conseils médicaux, voire des soins avant de se rendre à l’hôpital le plus près ? Où en sommes-nous quant aux services de soins à domicile ? Il est évident qu’aujourd’hui, il faut presser le pas sur ce dossier.

Du reste, lors des différents pics épidémiques, a-t-on mis les médecins de famille qui se consacrent aux soins de première ligne à profit ?

Ils peuvent être des alliés incontournables pour diminuer l’achalandage hospitalier, plusieurs études le démontrent. Les économies d’échelle qui seront générées ne se calculeront pas seulement sur une colonne de chiffres, mais également en termes de ressources humaines. Le contexte covidien ne fait certainement pas exception.

Les pays scandinaves ont restructuré leur réseau dans le début des années 1990. Leurs réformes ont permis une véritable couverture des soins de première ligne sur tout le territoire et un déploiement efficace des soins à domicile. La Finlande présente un taux de mortalité par million dû à la COVID-19 très bas avec un taux de vaccination de près de 75 %. En Suède, la prise en charge des interventions de la cataracte se fait dans l’équivalent de nos CLSC. Leur liste d’attente pour la cataracte n’a été que très peu touchée par la pandémie mondiale. Force est de constater que leurs systèmes de santé sont plus résilients que le nôtre. L’astuce réside dans un système décentralisé.

Il nous faudra plus que du courage et une stratégie de communication bien ficelée pour faire face à ce péril, il nous faudra l’audace de penser autrement. Aux politiciens : dans ce contexte trouble, la meilleure façon de vous faire réélire est de travailler sans penser à votre réélection. Il nous faudra augmenter notre résilience. Il ne nous faudra jamais abandonner face au virus. Il n’est jamais trop tard.

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