Depuis le début de cette pandémie, on a souvent dit que le premier ministre François Legault dirigeait les opérations en bon père de famille.

Cette approche rassurante de présenter des consignes claires et simples a rassuré les Québécois, qui faisaient face à beaucoup d’inconnues au tout début de l’année 2020. Mais les choses ont changé. Les Québécois ont beaucoup appris sur le coronavirus. Et un peu comme ces adolescents qui grandissent tout en étant mieux scolarisés et ouverts sur le monde, ils se mettent désormais à remettre en question l’autorité parentale au sein de la famille.

Dans le but de conserver une certaine harmonie dans la cellule familiale, plusieurs parents adoptent la formule des conseils de famille. Il s’agit généralement de discussions en famille autour de quelques sujets problématiques. Ce dialogue permet aux parents d’assumer pleinement leur autorité au sein de la famille tout en permettant l’émergence de consensus et, souvent à leur grande surprise, d’idées novatrices auxquelles ils n’avaient pas pensé.

Un conseil de famille, c’est la version familiale du concept d’acceptabilité sociale que nous connaissons bien pour des projets immobiliers. On y recherche un consensus collectif pour un projet ou une situation spécifique.

Les récentes annonces du trio santé ont visiblement marqué un point de rupture dans la population. Omicron a visiblement pris de court les autorités, qui ont pigé dans des mesures draconiennes qui avaient été développées à la hâte à une période de grande incertitude, comme le couvre-feu. C’est comme si, depuis le début de 2020, aucune équipe au sol n’avait pensé plus loin à la façon de faire atterrir cet avion que l’on avait construit en plein vol. Le seul scénario semblait être de croire à une fin abrupte de la pandémie et à la levée de toutes les consignes d’un seul coup. Mais on sait qu’après Omicron, il y aura probablement les variants Pi, Rho et Sigma.

À force de consulter les mêmes experts depuis 22 mois et de regarder les mêmes tableaux statistiques, les autorités sanitaires et le gouvernement ne peuvent qu’arriver aux mêmes solutions pour contrer la hausse des hospitalisations : retour du couvre-feu, fermeture des restaurants et limitation des contacts pour tout le monde sans distinction des risques d’hospitalisation. Il est temps de penser autrement.

Après avoir répété pendant plusieurs mois qu’il faudra apprendre à vivre avec le coronavirus, le temps est arrivé où il faudrait mieux définir collectivement ce que devrait être cette vie en pandémie. Il est certainement possible de faire preuve d’un certain consensus collectif autour de nouvelles pratiques sanitaires innovantes.

Comme on le voit depuis quelques jours, des idées commencent à émerger ici et là pour augmenter le taux de vaccination. Certains experts parlent de contribution supplémentaire au fonds de santé pour les non-vaccinés ou de crédits d’impôt pour les vaccinés. Pourquoi pas ?

Pourrions-nous envisager des mesures modulées pour s’attaquer à ces nouvelles vagues plutôt que de tout fermer ? Le milieu du travail, qui s’est admirablement bien conformé aux directives et a adapté ses nombreuses politiques internes, pourrait-il avoir la possibilité de décider de ses propres politiques de télétravail en fonction de certains paramètres ?

S’il faut absolument protéger les personnes vulnérables, pourrions-nous envisager des mesures spécifiques pour celles-ci au lieu de mettre tout le monde dans le même panier de mesures sanitaires ? Les Québécois de plus de 60 ans sont certainement grés que le gouvernement n’interdise pas les contacts par tranches d’âge selon la possibilité statistique de développer des complications qui mènent à des hospitalisations. Mais certains grands-parents commencent à se rendre compte que cela implique que leurs petits-enfants sont privés de contacts sociaux et devront de nouveau être scolarisés devant un écran.

Pourrions-nous collectivement nous entendre afin que les tests rapides soient exigés avant d’aller visiter papi et mamie au lieu de priver ces jeunes d’une vie normale ?

Le gouvernement a implicitement reconnu que la vaccination massive des Québécois, la distanciation physique et le port du masque n’étaient pas suffisants contre le variant Omicron. Ce n’est pas ce qui a été dit explicitement, mais c’est fort probablement ce que la plupart des gens pensent. En matière de communication, la perception – même erronée – devient vite une réalité avec laquelle il faut composer.

Autrement dit, le risque que certains se disent que tous ces efforts ont été vains est bien réel. D’où l’importance de mieux calibrer la nouvelle stratégie de communication et les nouveaux messages qui seront transmis ces prochains jours. Du point de vue de la communication, il y a une certaine urgence d’agir et de changer le narratif.

Au lieu de porter ce lourd fardeau sur ses épaules, le gouvernement serait avisé d’entamer une discussion franche avec les Québécois. Il pourrait être agréablement surpris de la maturité collective de la majorité de la population.

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