La pandémie de COVID-19 a provoqué une augmentation fulgurante de l’utilisation de la télémédecine au Québec. Lorsque la télémédecine est exercée selon les meilleures pratiques, elle permet d’améliorer l’accès aux soins et de réduire la pression sur le système de santé. La télémédecine est une modalité de soins que les Québécois et Québécoises ont appris à apprécier et qui, au-delà de la pandémie, permettra de traiter le bon patient au bon moment avec la bonne modalité.

On ne peut improviser en télémédecine et de nombreux standards promus par différents intervenants, dont le Collège des médecins du Québec (CMQ), doivent être respectés afin d’en éviter des effets pervers, dont le dédoublement des consultations et les risques pour les patients. Alors que la réflexion sur l’avenir de la télémédecine commence, il nous apparaît important d’exprimer quelques considérations essentielles, basées sur les meilleures pratiques et notre expertise, aujourd’hui reconnue partout au pays.

Triage

La pratique de la télémédecine ne doit pas occasionner un dédoublement ou une fragmentation des soins.

Pour ce faire, un triage rigoureux est essentiel afin d’assurer que seuls les patients qui peuvent être évalués et traités en toute sécurité obtiennent une consultation virtuelle.

Chez Dialogue, grâce à l’intégration de notre champ de pratique à notre outil de triage, seulement 0,14 % des patients consultant un médecin de façon virtuelle sont par la suite dirigés vers une consultation physique, ce qui évite un dédoublement des soins.

Champ de pratique

La pratique de la télémédecine requiert le développement d’un champ de pratique sécuritaire et qui concorde avec les recommandations d’experts tel que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). De façon générale, le champ de pratique en télémédecine inclut les problèmes de santé pour lesquels un diagnostic et un plan de traitement peuvent être déterminés de façon sécuritaire sans examen physique en personne. À titre d’exemple, les raisons de consultation les plus fréquentes chez Dialogue sont liées à la dermatologie, la santé mentale, l’otorhinolaryngologie, les blessures mineures et la santé des femmes.

Communication

Depuis le début de la pandémie, 55 % des Canadiens ont eu une rencontre virtuelle avec leur médecin de famille, bien que seulement 6 % l’aient fait par vidéo. La grande majorité des soins virtuels ont donc été fournis par téléphone.

Une consultation médicale virtuelle devrait se faire par visioconférence sécurisée et non pas par téléphone, messagerie ou clavardage, ce que nous considérons comme des moyens de communication inappropriés en santé virtuelle.

Les avantages de la communication par vidéo incluent une appréciation du non-verbal, certains éléments de l’examen physique pouvant être évalués par vidéo.

Continuité des soins

Un suivi dans les 24 à 72 heures après une téléconsultation permet de s’assurer de l’évolution favorable du parcours du patient tout en offrant une continuité des soins pour chaque épisode. L’envoi systématique d’un plan de soins écrit au patient après la consultation améliore la compréhension et l’adhésion du patient aux prochaines étapes convenues et fournit un résumé pouvant être partagé avec son médecin de famille.

Approche multidisciplinaire

Nos données démontrent que l’accessibilité facilitée à une équipe multidisciplinaire, formée de médecins, d’infirmiers et d’infirmières cliniciennes et praticiennes, de psychothérapeutes, de psychologues, de spécialistes en santé mentale et d’autres professionnels de la santé, se traduit par une amélioration plus rapide des problématiques de santé mentale et une diminution des durées d’absence au travail.

Lorsque toutes les meilleures pratiques en télémédecine sont respectées, les résultats montrent qu’elle n’entraîne pas de référencement important aux urgences ou une surutilisation des antibiotiques pour des infections mineures. L’analyse de nos données indique que de 15 % à 25 % des patients ne sont pas admissibles à une consultation virtuelle, car il est déterminé, par notre triage et notre équipe, qu’un examen physique est nécessaire chez ces patients afin de bien cerner leur problématique et de porter le bon diagnostic.

On n’improvise pas en télémédecine ; elle requiert une approche mesurée, un souci de la nétiquette, une formation avancée, un champ de pratique bien défini et un triage des patients intégré assurant une médecine de qualité, tout en évitant des visites non nécessaires aux urgences et cliniques sans rendez-vous.

L’adoption rapide de la télémédecine depuis le début de la pandémie a ajouté une modalité et un accès important aux soins de santé. Alors que la situation d’urgence se normalise, la pratique de la télémédecine devra se faire de façon encadrée et sécuritaire sans en limiter le potentiel et les bénéfices pour les Québécois et Québécoises.

* Dialogue, une entreprise québécoise, est le leader canadien dans la prestation de soins virtuels pour les entreprises et organisations depuis 2016. Près de 10 % de la population canadienne a accès à la plateforme Dialogue, dont plus d’un million de Québécois et Québécoises.

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