Cependant, la crise climatique en cours ne prend pas de pause et l’effondrement de la biodiversité se poursuit, comme démontré par de multiples études scientifiques. Cette perte est la conséquence directe de l’activité humaine et constitue une menace pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde.

Ce grand défi de l’humanité est voilé par la pandémie actuelle. Il est implacablement présent et il faut s’en occuper en priorité. Mais comment ? En opérant un virage majeur afin de préserver la biodiversité mondiale, qui constitue le filet de sécurité de l’humanité. C’est ce que concluent, sans détour, des experts mandatés par l’ONU.

Constat n1 : chez nous au Québec, les agissements de votre ministre des Forêts sont contraires à ce que les experts mondiaux prônent comme gestes à faire pour contrer la crise climatique en cours et l’effondrement de la biodiversité.

  • Protéger la biodiversité, ce n’est pas choisir des bouts de territoire en fonction de l’endroit qui arrange certains acteurs économiques, tels les industriels forestiers, mais bien trouver la manière optimale de permettre à la plus grande diversité de faune et de flore de s’épanouir et d’éviter la disparition irrémédiable d’espèces.
  • Il faut s’assurer que les zones de conservation choisies soient déjà riches en biodiversité et bien connectées entre elles, de manière à favoriser le déplacement des espèces et l’adaptation aux changements climatiques, et c’est s’assurer qu’elles serviront maintenant de pépinière au maintien et à l’enrichissement des écosystèmes.

Au Québec, les zones les plus riches en biodiversité, on les retrouve au sud, mais elles sont réservées aux industriels forestiers, c’est flagrant.

  • Par extension, il ne faut pas favoriser la protection de zones en friche et de peu d’intérêt, lesquelles prendront plus de 75 ans à se reconstituer, si elles le peuvent encore, et qui ne serviraient pas à lutter immédiatement contre les changements climatiques et à l’effondrement de la biodiversité. Malheureusement, ce sont les mentalités actuelles de votre ministère des Forêts.

Constat n2 : les agissements de votre ministre des Forêts détruisent l’image, déjà peu reluisante, de la foresterie au Québec.

C’est un recul, malgré la mise en place de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, d’avril 2013, qui découlait des recommandations de la commission Coulombe, en réponse au grand dérangement engendré par le film L’erreur boréale diffusé il y a 21 ans. Cette loi devait redonner pleine indépendance au ministère des Forêts et une réelle voix aux citoyens, afin que le potentiel environnemental, économique, écologique et social des forêts puisse répondre aux nombreux besoins socioéconomiques des communautés.

Résumons, en quatre mots, l’application de cette loi : le ministère des Forêts PLANIFIE les coupes forestières, INFORME (étant obligé) la population, DÉFEND sa planification et IMPOSE les coupes forestières planifiées. Les contestations légitimes du milieu sont vues comme de l’opposition et des contraintes.

Il faut se dire les vraies choses. Les communautés ne font pas le poids face aux industriels forestiers avides des plus belles forêts du sud du Québec. Elles ne sont pas écoutées et lorsqu’il y a de l’opposition, le ministre tient des propos très réducteurs, tels :… quelques personnes seulement revendiquent,… syndrome de pas dans ma cour,… veulent protéger leurs vues,… sont contre la foresterie, etc.

Un exemple du grand malaise

Constat n3 : sommes-nous ce que votre ministre affirme ? Laissez-nous vous parler brièvement de notre cas, exemple type du grand malaise en foresterie.

Il s’agit du mont Kaaikop, dans la MRC des Laurentides. Nous militons avec rigueur depuis huit ans afin de préserver ce site environnemental, patrimonial et récréatif d’importance.

Nous sommes appuyés par beaucoup de municipalités, groupes environnementaux et… par plus de 10 000 personnes de 82 municipalités du Québec. On est loin de la vision de votre ministre !

Un jugement interlocutoire nous a donné raison et nous avons investi plus de 450 000 $ de temps bénévole et 100 000 $ en études pour documenter à fond trois enjeux :

  • acceptabilité sociale : en faveur de la préservation ;
  • environnement : certifiant la richesse exceptionnelle de la biodiversité présente ;
  • économie : prouvant que « conserver est plus rentable que couper », surtout que le tourisme et la villégiature sont les principaux moteurs économiques de notre région.

Le ministère de l’Énergie détermine l’affectation du territoire, celui des Forêts planifie les coupes, la population n’a pas d’endroit pour s’exprimer en amont des plans de coupes et… il n’y a pas d’instance neutre pour arbitrer les conflits d’usage, tel celui du mont Kaaikop, qui est dans sa huitième année.

Pour conclure : où est la place des communautés dans la gestion de NOTRE patrimoine forestier ? Notre situation est vécue par nos collègues d’autres communautés avec qui nous échangeons fréquemment : Matawinie, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Outaouais, Lotbinière et Abitibi.

Nous vous demandons respectueusement, Monsieur le Premier Ministre, d’intervenir afin que la population ait une réelle place dans la gestion de notre patrimoine forestier, notamment en regard des enjeux climatiques.

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