En plein cœur de la Semaine canadienne de l’accessibilité et de la Semaine québécoise des personnes handicapées, c’est paradoxalement la question que l’on se pose lorsqu’on prend acte des dernières annonces et actions du gouvernement de François Legault. Il y a d’abord eu le Panier bleu, puis le site Ecoleouverte.ca, sans oublier le site de prise de rendez-vous pour la vaccination Clic Santé. Le gouvernement n’apprend pas de ses erreurs passées.

Ces sites ont en commun d’avoir été mis en ligne sans être accessibles aux personnes ayant des limitations fonctionnelles, notamment pour les personnes aveugles et malvoyantes. Après tout le travail de sensibilisation fait au fil du temps auprès des décideurs, il nous faut logiquement conclure qu’ils sont peu sensibles aux inégalités ainsi créées…

Comme si les personnes ayant une limitation visuelle n’étaient pas, elles aussi, consommatrices de services et de produits locaux. Comme si les personnes ayant une limitation visuelle n’étaient pas, elles aussi, les parents d’enfants ayant besoin d’être accompagnés. Comme si les personnes ayant une limitation visuelle ne comptaient pas dans la course à l’immunité collective.

L’annonce des ministres Fitzgibbon et Boulet du 29 mars dernier quant à l’aide offerte aux entreprises désireuses de prendre le virage numérique va dans le même sens : rien n’est prévu pour les accompagner afin que leur virage soit inclusif.

C’est pourtant assez simple de développer des sites web inclusifs lorsqu’on prend la peine d’y penser en amont. Et ça n’enlève rien aux qualités graphiques des sites, pour ceux qui peuvent en profiter.

Le plus récent manque de considération de Québec en la matière se trouve dans le nouveau site de recherche d’emploi du gouvernement. Déjà contesté par plusieurs autres groupes d’intérêt, le site Québec emploi est tout simplement une catastrophe en matière d’accessibilité pour les personnes ayant un handicap visuel, selon des tests réalisés par le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM).

Il s’agit pourtant d’un des moyens mis de l’avant par le gouvernement pour s’assurer d’une pleine relance. Il est donc incohérent de voir qu’on ne cherche pas à s’assurer de la participation du plus grand nombre lorsqu’on tente de contrer la pénurie de main-d’œuvre.

Un slogan pertinent

Heureusement, ce ne sont pas tous les ordres de gouvernement qui subissent le même aveuglement. En même temps que le lancement du site québécois, le gouvernement fédéral a lancé une campagne visant l’embauche des personnes en situation de handicap. Leur slogan dit tout.

Le besoin de répéter le message me semble évident et je le retranscris ici à l’attention de quiconque est intéressé, et par la justice sociale, et par l’économie nationale : « Un handicap ne définit pas les capacités, embauchez de façon inclusive. »

Une autre initiative allant dans le même sens m’apparaît tout aussi gênante pour le gouvernement en place, composé d’entrepreneurs et champion autoproclamé de l’économie. La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a elle aussi lancé une campagne pour une relance « inclusive et basée sur l’humain ». Voilà, selon elle, les « principes directeurs » qui doivent guider nos actions pour un retour à la normale et à la prospérité. Nous ne pourrions être plus en accord.

Il m’apparaît clair que l’idée d’égalité des citoyens entre eux, idée qui devrait normalement guider les actions de nos dirigeants, n’est malheureusement pas suffisante à assurer l’accessibilité des sites web gouvernementaux. J’aime penser que l’importance de réussir la relance économique suivant une des pires crises de notre histoire puisse participer à faire changer les mentalités. Pour le moment, force est de constater que ce n’est pas le cas à Québec.

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