Le Code Québec est clair : les Québécois sont d’incorrigibles « adeptes du consensus à tout prix ». Face à tout litige, notre peuple d’« extrême centriste » est particulièrement sensible aux solutions qui rallient une majorité franche.

Avec son flair politique aiguisé, la Coalition avenir Québec (CAQ) a misé sur ce principe éprouvé pour rédiger la loi 96. Sans surprise, la plupart de ses propositions font mouche. Elles reflètent la préoccupation croissante des Québécois envers la pérennité de leur langue et règlent certains problèmes pressants grâce à des solutions qui jouissent de l’assentiment populaire.

Par ailleurs, les sondages commandés par le gouvernement ont confirmé l’impasse dans laquelle le dossier du français au collégial se retrouve. Avec seulement 47 % d’appuis pour l’application de la loi 101 au cégep, il apparaît évident qu’aucun consensus ne se dessine à ce chapitre, du moins pas à court terme.

Le Québec sait pertinemment ce qui subvient d’une situation politique aussi tranchée dans notre conjoncture qui craint les vagues… Cet enjeu est condamné à demeurer latent ; à évoluer en filigrane et à refaire surface de temps à autre. Selon toute vraisemblance, la solution claire et éclatante qu’espèrent ardemment certains ne se concrétisera pas de sitôt. Le seul parti politique qui en a fait son cheval de bataille a d’ailleurs vu ses appuis s’effriter.

De plusieurs manières, l’application de la loi 101 au collégial s’avère le miroir de la question nationale.

Or, sur l’échiquier politique actuel, la CAQ détient les rênes du compromis pour faire avancer ces dossiers épineux, mais essentiels. Nous pouvons difficilement blâmer Québec de prendre le pouls de la population et de s’arrimer sur celui-ci. Par contre, comme d’aucuns l’ont souligné à grands traits, le gouvernement Legault pourrait, et devrait sans doute, faire preuve davantage d’audace pour le bien commun.

Parmi les 50 nuances de compromis qui s’offrent à elle, la CAQ ne devrait pas opter pour les plus fades. Au contraire, elle devrait profiter de ses coudées franches pour faire des gestes un tant soit peu courageux, et ce, aussi bien pour affirmer le nationalisme dont elle se réclame que pour défendre le fait français en Amérique du Nord.

À cet égard, le contingentement des cégeps anglophones rate la cible. En plus de ne pas aller assez loin, cette solution comporte plusieurs défauts de taille. Comme de nombreux commentateurs l’ont affirmé, la loi 96 augmentera d’un cran l’attrait irrésistible du réseau anglophone qui se targue déjà d’accueillir la crème de la crème dans ses rangs. Qui plus est, ce terne compromis perpétue une erreur politique québécoise majeure. Il entérine la désertion et l’abandon de notre métropole.

Le jupon pro-Québec de la CAQ dépasse. Le projet onéreux et malavisé du tunnel Québec-Lévis constitue un exemple non équivoque de ce biais. Le contingentement du cégep anglophone s’inscrit dans la même logique quoique de manière plus ambiguë. Tôt ou tard, il faut espérer que la CAQ réalisera l’importance de ne pas négliger Montréal dans ses calculs politiques, car notre métropole sera sans conteste le théâtre où se jouera l’essentiel combat pour la défense du français. C’est pourquoi un compromis véritablement « raisonnable » aurait plutôt été de réinvestir les nombreuses institutions collégiales montréalaises. Pour ce faire, Québec devrait sérieusement considérer d’appliquer partiellement la loi 101 au cégep. De cette manière, les étudiants issus du réseau francophone devraient effectuer leur épreuve uniforme ainsi que leurs cours de langue, de philosophie et de sciences humaines en français, et ce, peu importe le cégep qu’ils choisissent de fréquenter. Et si nous sondions l’opinion populaire à ce sujet ?

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