Depuis leur création en 1967, les cégeps ont joué un rôle majeur en facilitant l’accès à l’éducation postsecondaire au Québec. Le réseau collégial a participé à notre épanouissement collectif en démocratisant l’accès à l’enseignement supérieur et en permettant à des générations entières d’atteindre une diplomation technique ou préuniversitaire, peu importe leur statut social et leur provenance.

En matière de choix de société, on peut collectivement se féliciter d’avoir créé un réseau qui a eu un impact culturel, économique et social.

C’est ce choix que nous invitons le gouvernement à continuer de faire.

Alors qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs d’activité, que le réseau de la santé devra pourvoir de nombreux postes professionnels et que des élèves de 3e, 4e et 5e secondaire auront vu leur cheminement scolaire perturbé par la pandémie, les cégeps seront appelés à jouer un rôle de premier plan pour contribuer à la relance du Québec. Nous voyons trois enjeux pour lesquels le gouvernement doit faire le bon choix dès maintenant.

Rattrapage salarial

D’abord, prenons le cas de la formation continue et de la précarité d’un nombre considérable d’enseignantes et d’enseignants du réseau collégial. À titre d’exemple, la formation continue permet de former des éducatrices en CPE, des techniciens recherchés dans divers secteurs, des infirmières et des professionnels qui travaillent dans le réseau de la santé. Or, enseigner à la formation continue, c’est donner le même cours qu’une ou un collègue du « régulier » pour 50 % du salaire.

Cette iniquité dans la rémunération occasionne des difficultés d’attraction et de rétention de personnel enseignant dans des domaines pourtant essentiels, alors que de graves problèmes de pénurie de main-d’œuvre se font sentir dans toutes nos régions.

Nous avons la conviction que le rattrapage salarial des enseignants à la formation continue est intimement lié à la capacité du réseau collégial de contribuer à la formation et à la requalification de milliers de personnes qui, à terme, joueront un rôle dans l’essor économique du Québec.

Nous avons aussi d’énormes préoccupations en ce qui a trait aux élèves à faible moyenne générale au secondaire ou en situation de handicap. Dans le premier cas, notre réseau accueillera au cours des prochaines années des cohortes qui auront été éprouvées dans leur parcours scolaire en raison des difficultés liées à la pandémie. Dans le deuxième, le nombre d'élèves en situation de handicap (EESH) a explosé au cours des dernières années. Dans les deux cas, nous demandons que des ressources dédiées soient consenties spécifiquement au corps enseignant afin d’assurer un encadrement en adéquation avec les objectifs de persévérance et de réussite qui nous tiennent collectivement à cœur.

Enfin, un enjeu dont on doit aussi s’inquiéter est celui des programmes de techniques lourdes de la santé, notamment Soins infirmiers.

Actuellement, la surcharge de travail et le manque de ressources exercent une pression énorme sur le corps enseignant, qui a pourtant la mission de former la prochaine génération de professionnels de la santé. Le manque de ressources auquel ces enseignants font face a une incidence directe sur la capacité du réseau collégial à attirer et conserver des personnes qualifiées pour assurer les formations. Avec un réseau de la santé à bout de souffle et fragilisé, nous croyons qu’il y a urgence d’agir.

Le réseau collégial est un levier socioéconomique majeur sur les plans tant individuel que collectif. En ce moment, il fait aussi face à d’énormes défis et c’est pourquoi, répétons-le encore une fois, des milliers d’enseignants demandent actuellement au gouvernement de faire le bon choix : ne laissez pas tomber nos cégeps !

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion