En réponse au texte d’opinion de Mélanie Robert, « Établissements supérieurs en présentiel : que les établissements annoncent leurs couleurs », publié le 20 mai

Madame, vous avez demandé aux dirigeants des cégeps et des universités de dire à leurs étudiants ce qui les attendra à la rentrée de septembre. Je ne suis pas dirigeant d’un établissement d’enseignement supérieur – je ne suis que doyen de faculté – mais je me sens interpelé par votre lettre. Il est entendu que les décisions à prendre relèvent du gouvernement et des dirigeants d’établissement. Mais si cela ne tenait qu’à moi, voici ce que je vous répondrais.

Si votre fille était une étudiante chez moi, je ne lui promettrais pas un enseignement à 100 % en présentiel à l’automne. Ce que je lui dirais, c’est que je ferai tout mon possible pour maximiser le présentiel tout en assurant la sécurité des personnes et en planifiant le trimestre de manière réaliste. Cela veut dire que certains cours seront en présentiel, en totalité ou en partie, mais pas tous, tout le temps.

La proportion de présentiel dépendra de l’état sanitaire à la fin de l’été et des directives gouvernementales à venir. Par exemple, si une forte proportion d’étudiants n’avait pas reçu deux doses de vaccin d’ici à la rentrée (on vise 75 % de taux de vaccination dans la population, avec une plus forte proportion chez les aînés que chez les jeunes), nous verrons peut-être une certaine résistance de la part d’étudiants et d’enseignants à reprendre le présentiel. Si nous devons encore maintenir une distance d’un mètre entre les personnes dans nos salles de cours, nous perdrons environ 50 % de la capacité de nos espaces et nous devrons faire des choix difficiles, qui ne garantiront pas l’accès au présentiel de manière égale pour tous.

Dans ce contexte d’incertitude, comment devons-nous établir des priorités et comment devons-nous anticiper des scénarios optimistes et pessimistes à la fois ? N’est-il pas raisonnable de promettre peu et de donner plus si cela s’avère possible, plutôt que de promettre beaucoup et de devoir faire marche arrière de nouveau ?

Bref, si je peux me permettre de vous répondre, je vous dirais que nous allons maximiser le présentiel tout en faisant preuve d’une saine prudence, que la pandémie n’est pas terminée et qu’elle se terminera plus vite si nous maintenons encore un peu la discipline qui s’impose. J’ajouterais que nous pourrons donner à votre fille des informations plus spécifiques plus tard au cours de l’été, quand nous aurons fait le nouveau travail de planification que le premier ministre nous a demandé de faire, mais que là encore, nous devrons errer du côté de la sécurité des personnes.

Je ne sais pas si ce message atténuerait la frustration et l’angoisse de votre fille. Mais je sais que c’est le message responsable que je devrais vous livrer.

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