Depuis quelques semaines, la population québécoise est invitée par Hydro-Québec à donner son avis sur le devenir de l’entreprise face aux changements importants qui marquent présentement le domaine de l’énergie, un processus de consultation nommé Énergie en commun.

C’est une initiative bienvenue, car le monde de l’électricité vit une transformation profonde, qui se résume par la décarbonation, la numérisation et la décentralisation. Ces trois phénomènes sont liés et se renforcent mutuellement.

La décarbonation est bien sûr reliée à l’enjeu des changements climatiques. Hydro-Québec apporte sa contribution avec un parc de production basé sur une énergie propre et renouvelable.

La numérisation découle des progrès incessants de l’internet et de l’informatique, et ouvre de toutes nouvelles possibilités de gestion du réseau et d’interaction avec les clients.

La décentralisation fait référence à l’accès accru aux énergies renouvelables, produites localement, et aux batteries, qui pourraient permettre à des villes, comme à des régions éloignées, de devenir « autonomes » sur le plan énergétique, tout en s’appuyant sur un réseau principal.

Elle inclut aussi les microréseaux, qui faciliteraient par exemple l’approvisionnement aux communautés insulaires, dépendantes de coûteuses livraisons de carburant.

Grâce à des énergies de proximité, renouvelables, à une combinaison de petite hydro, d’éolien, de solaire, voire de biomasse, ces communautés pourraient dorénavant s’alimenter en électricité propre et améliorer du coup leur bilan carbone.

Production décentralisée

Advenant ce déploiement, les entreprises d’électricité pourraient même créer plusieurs centres de production décentralisés sur leur territoire. Elles renforceraient ce faisant la fiabilité d’ensemble du réseau et, grâce à cet îlotage, les clients seraient protégés de pannes potentielles en cascade.

Pour les entreprises d’électricité comme Hydro-Québec, ces innovations représentent des changements significatifs. Elles ont en effet évolué sur un modèle centralisé où elles mettaient en place de grandes infrastructures de production, de transport, de distribution, pour livrer de l’électricité de manière fiable aux clients. Ces clients devaient ensuite payer ce service par l’entremise d’une facture, selon un tarif en général contrôlé par une régie locale.

Le rapport avec la clientèle est unidirectionnel. Le client est, dans cette dynamique, essentiellement passif.

Les entreprises doivent maintenant se positionner au-delà du compteur : c’est-à-dire offrir aux clients des mesures ciblées de gestion de la consommation et des produits « intelligents » à l’intérieur de la résidence. Et avec des tarifs différenciés, qui tiennent compte de la valeur de l’électricité selon la plage horaire de livraison, notamment en période de pointe.

Les entreprises d’électricité peuvent aussi offrir l’installation de ressources dites décentralisées (panneau solaire, batterie), permettant au client de combler, à même sa résidence, une partie de ses besoins.

Cette transition est avantageuse pour les entreprises d’électricité propre, étant donné qu’une des solutions à l’urgence climatique est l’électrification de nos activités, en agriculture, en transport, dans les bâtiments.

Sur le plan de la relation client, cela se traduit par un renforcement nécessaire des compétences relationnelles auprès de la clientèle, pour enrichir, accroître, cibler, voire personnaliser l’offre de service, tout en veillant à la maintenir simple et attrayante.

Ce virage qu’Hydro-Québec entreprend présentement (innovations en stockage, maisons intelligentes, microréseaux, hydrogène) est un des plus grands défis des quelque 75 ans de sa riche histoire.

La fierté de travailler au sein d’une entreprise de service public performante, ayant joué un rôle historique en faveur du développement socioéconomique du Québec et fait émerger ici une expertise reconnue partout dans le monde, a toujours été une des valeurs fondamentales de la culture des employés d’Hydro-Québec.

Elle a joué un rôle central dans la force d’attraction de générations entières de Québécois rêvant d’y travailler ou de s’y associer de près, comme partenaire ou fournisseur.

Il y a fort à parier que cette fierté, soit celle de travailler au sein d’une entreprise importante, audacieuse mais rigoureuse, jouera un rôle déterminant dans le succès de notre société d’État à affronter ces bien vastes défis.

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