Mardi 18 mai 2021. Je suis devant mon écran. Obus et bombes s’abattent quasi régulièrement sur des zones densément peuplées dans un conflit jamais politiquement réglé. Avec une précision presque chirurgicale. Et un cynisme sans limites, en prévenant par exemple la presse internationale de la destruction, dans la minute, de leur tour de bureaux, poste d’observation surélevé sur les scènes meurtrières.

L’adversaire, en désespoir de toute justice et de progrès quant à son avenir, lançant au hasard des volées de roquettes sinon de ridicules cailloux. David contre Goliath. Dix jours que cela dure. Les hôpitaux débordent de blessés. Les sources d’électricité et de carburant sont détruites. La famine pointe. L’agresseur se moque de son « parrain » américain dont le « fais attention aux civils » s’entend répondre « oui, mais pas avant que j’aie terminé mon travail ».

J’observe cela en direct. À l’écran d’ordinateur et avec casque d’écoute. Parfois découpé en huit images simultanées selon la mouvance des points chauds. Avec le recul du professeur ayant enseigné et vécu presque quatre ans en pays arabo-musulman et ayant visité la plupart des pays de la région, y compris Israël. Navigant sur les chaînes d’information en français et en anglais. Mais surtout en arabe (ma relative maîtrise fait chaque fois l’étonnement de mes interlocuteurs).

Le gouvernement actuel de l’État hébreu, en arrogant prédateur, continue d’empiéter sur la Cisjordanie, la dernière décision d’éviction de familles palestiniennes de Jérusalem-Est ayant fait éclater, la semaine dernière, cette troisième intifada en 10 ans.

Tremblant à l’évidence pour sa sécurité à long terme, ce gouvernement (qui n’est pas, heureusement, sans une forte contestation chez lui et dans la diaspora) est seulement à moitié rassuré de tenir l’Europe au silence et l’Amérique à un simulacre d’arbitrage.

On me fait observer que les Palestiniens et leurs alliés naturels sont terriblement divisés. Il n’y a qu’à rappeler les mouvements armés comme le Hamas, le Fatah, le Hezbollah et citer les pays et régions aux engagements vacillants comme les Cisjordanie, Gaza, Liban, Iran, Syrie, Maroc, Égypte, Arabie saoudite, etc. Leaders ou chefs d’État abusant souvent de pouvoirs nourris aux idéologies, insensibles au désespoir des victimes, parfois de leurs propres populations.

J’ai vécu ces situations inextricables lorsque, durant la guerre civile, je m’étais rendu au Liban à titre de doyen de faculté pour aller confirmer la poursuite de la collaboration de notre département de service social avec les instances d’une université de Beyrouth. Mon hôte, le doyen Sélim Abou, m’avait alors confié : « Nos collègues avec les vôtres ont réussi, au milieu des bombes et des attentats, à réaliser le premier recensement du pays depuis 50 ans, sans aucune perte de vie, à travers les 17 groupes et factions de l’échiquier politico-religieux-linguistique-géographique du pays. »

Ironie : c’est Pékin qui accuse Washington d’user de son droit de veto pour bloquer la condamnation unanime des autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’Europe et l’Amérique n’ont plus d’influence morale : que des intérêts. Du moins pour le moment.

Le genou du plus fort continue d’appuyer sur la carotide de sa victime.

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