Ces dernières années, presque partout dans le monde, un phénomène peu médiatisé frappe de manière importante les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, queers, intersexes, bispirituelles, et toute autre personne de la diversité sexuelle et de genre : une recrudescence sérieuse des violences physiques et morales commises contre les personnes LGBTQ+.

Ici au Canada, pays d’ouverture et de droits de la personne, on espérerait faire mentir les statistiques. Pourtant, de 2015 à 2019, le nombre de crimes haineux ciblant l’orientation sexuelle ou de genre commis sur le sol canadien contre les personnes LGBTQ+ a augmenté de 86 %.

Ce constat amène inévitablement à se demander si vivre ouvertement comme personnes LGBTQ+ au Canada implique encore nécessairement de s’exposer à des risques de violences physiques ou morales dans la rue, dans le milieu de travail, dans les cercles sociaux ou dans un contexte scolaire ou académique. Malheureusement, ça peut être le cas.

Selon un sondage Léger réalisé en mars 2021 à l’échelle du pays, 55 % des Québécois disent d’ailleurs avoir été témoins d’actes homophobes et transphobes, dont des moqueries, des insultes, de l’humiliation, du harcèlement, de la violence psychologique ou des agressions physiques.

Une Journée internationale plus importante que jamais

Pour ces raisons et en dépit du contexte pandémique, la Fondation Émergence, qui organise depuis 2003 la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, a choisi comme thème cette année la dénonciation des violences envers les personnes LGBTQ+. Le thème « Plusieurs personnes portent leurs couleurs sans le vouloir » est une image forte où les ecchymoses et blessures physiques de personnes LGBTQ+ ont permis de recréer les six couleurs du drapeau arc-en-ciel.

Si cette journée internationale, qui a été fondée à Montréal il y a 19 ans, se tient chaque année le 17 mai, c’est que c’est ce même jour, en 1990, que l’Organisation mondiale de la santé a retiré l’homosexualité de sa liste des troubles mentaux.

Force est d’admettre que nous avons progressé de manière importante sur le plan de l’égalité depuis trois décennies. Malgré ces gains non négligeables, il est faux de penser que toutes les personnes LGBTQ+ vivent avec un sentiment de sécurité, alors que 67 États membres de l’Organisation des Nations unies criminalisent toujours les actes sexuels entre personnes adultes consentantes du même sexe, et six d’entre eux imposent la peine de mort pour ce type d’actes sexuels.

Une question qui préoccupe les Québécois

Selon la même enquête de Léger, 57 % des Canadiens, dont 62 % des Québécois, sont préoccupés par la question des droits des personnes homosexuelles et trans à l’extérieur du Canada – alors que 61 % des répondants sont d’avis que nos gouvernements devraient en faire davantage pour protéger les droits des personnes LGBTQ+.

Heureusement, des engagements sont pris par les autorités des différents ordres de gouvernement. Par exemple, le gouvernement fédéral élabore actuellement un Plan d’action LGBTQ2 et le gouvernement québécois prévoit mettre à jour son plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie, qui arrive à échéance.

Nous avons raison d’être optimistes, même si une concertation accrue des ministères est souhaitée.

Par ailleurs, le corpus législatif québécois et canadien a évolué considérablement pour devenir plus inclusif. L’adoption par Ottawa en 2019 du projet de loi C-16 qui criminalise la discrimination fondée sur l’identité ou l’expression de genre, ou l’adoption l’an dernier par Québec du projet de loi 70 pour mettre fin aux thérapies de conversions sont des exemples récents qui constituent un pas de plus en matière de dignité humaine et de droits à l’égalité.

Malgré tout, une raison de célébrer et d’être optimistes

Aujourd’hui à l’échelle du Québec, du Canada et de plusieurs pays, le drapeau arc-en-ciel de la fierté LGBTQ+ sera érigé devant des bâtiments gouvernementaux, des édifices publics et des lieux qui symbolisent la démocratie, dont l’hôtel de ville de Montréal.

La Journée est un mouvement positif, dans le cadre duquel s’inscrivent à la fois une célébration des gains réalisés et une prise de conscience du travail qui reste à faire. Profitons de cette journée pour en parler en famille, entre amis et entre collègues – avec humanité, ouverture et fierté. Célébrons également une initiative de chez nous qui rayonne désormais partout dans le monde.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion