Au cours des derniers jours, le Parti conservateur est monté au front pour torpiller la seule tentative depuis 30 ans qui peut mettre à jour la Loi sur la radiodiffusion au Canada.

Le député conservateur québécois Alain Rayes a déclaré : « Je me bats pour les Canadiens et Canadiennes qui jugent que ce projet de loi (C-10) attaque la liberté d’expression. » Ce qui est totalement faux, ont rétorqué quatre experts à l’origine du rapport L’avenir des communications au Canada. Le temps d’agir. En effet, pour Peter Grant, Monique Simard, Pierre Trudel et Janet Yale, « l’objectif est plutôt de garantir une contribution équitable de la part de ces plateformes qui monétisent le contenu. Il n’est pas et n’a jamais été question de réglementer ou d’interférer avec les choix des individus ou de régir le contenu licite qu’ils génèrent. ».

Le projet de loi C-10 constitue enfin un premier effort pour mettre sur un pied d’égalité les entreprises étrangères et canadiennes. Il était temps !

Comment peut-on s’opposer à ce que Netflix, Disney+ et Amazon Prime apportent une contribution appropriée au contenu culturel canadien ?

Tout le milieu culturel au Québec est conscient que le contenu francophone est de plus en plus marginalisé par les entreprises étrangères sur leurs plateformes. À quel jeu dangereux se livre le Parti conservateur ?

Marcel Masse ou les libertariens ?

Si le parti d’Erin O’Toole avait un peu de mémoire, il se rappellerait que c’est un ministre conservateur des communications, Marcel Masse, qui avait fait entrer notre système de radio et de télédiffusion dans l’ère moderne en 1991. C’était révolutionnaire à l’époque. C’est l’œuvre d’un gouvernement conservateur.

Toutefois, 1991, c’était il y a 30 ans, bien avant l’ère numérique. Or, depuis le début du nouveau millénaire, les géants du numérique se moquent des réglementations du Canada en matière de communications et défient la souveraineté des États de légiférer en la matière. Pour ces superpuissances, il n’y a pas de frontières dans l’univers numérique.

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, et son bras droit, le député conservateur du Québec Alain Rayes, devraient s’inspirer de Marcel Masse plutôt que des libertariens qui militent pour l’absence de réglementation. A contrario, voilà qu’ils font circuler une pétition pour retirer le projet de loi C-10 et reporter le changement nécessaire aux calendes grecques.

Ne comprennent-ils pas que, ce faisant, ils favorisent la domination des superpuissances numériques, principalement américaines ?

Quant au Bloc québécois et au NPD, ils devraient sans hésiter intervenir pour protéger notre culture rendue si vulnérable dans l’univers numérique. Le projet de loi C-10 est un premier pas, une occasion à saisir dès cette année, car notre loi sur la radiodiffusion ne répond plus aux défis de l’ère numérique. À moins que nous ne souhaitions laisser le champ libre aux géants numériques, encore une année de plus. Il ne reste que quelques semaines pour que la Chambre des communes et le Sénat adoptent une nouvelle loi.

Il est temps de prendre acte de la réalité et de cesser de jouer à l’autruche.

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