En faisant une grande marche matinale le long du dernier terrain boisé non construit de Saint-Canut, j’ai fait une rencontre qui a marqué ma semaine au point de vouloir la faire partager au plus de gens possible.

Me promenant assez souvent sur ce chemin longé d’un fossé et ensuite de la forêt, je me désolais chaque fois de la quantité de déchets simplement lancées par la fenêtre des voitures des jeunes allant fumer ou boire en cachette dans ce coin plus discret de la ville. Les principaux détritus récurrents étant les canettes de Red Bull, des emballages du McDo, des contenants de café Tim et, avec la COVID-19, des foutus masques jetables à perte de vue.

Étant très soucieux de l’avenir de notre si chère planète, à chaque passage, c’est comme une claque en plein visage pour me rappeler tout le chemin que nous avons à faire en matière de conscientisation et de développement durable.

Lors du premier confinement, marchant quotidiennement avec ma conjointe le long dudit fossé, j’avais même lancé l’idée de prendre du temps pour le nettoyer, mais avant même que j’aie pu passer à l’action, tout avait été nettoyé.

Sur le coup, j’avais pensé que la Ville avait enfin envoyé du personnel prendre soin du peu de verdure qu’il nous reste en raison de la déforestation massive qui s’opère de manière non coordonnée dans la ville afin de simplement construire le plus possible. Au diable, l’aménagement, l’urbanisme et la nature !

Quelle surprise alors j’ai eue lors de cette marche, il y a quelques jours, de croiser un vieil homme avec sa Caravan, plié en deux à ramasser des objets indésirables. Pensant qu’il était probablement le propriétaire de ces derniers terrains immaculés, je l’ai interpellé pour discuter avec lui et lui mentionner à quel point ce qu’il faisait était honorable. Il a bien ri quand j’ai suggéré qu’il était le propriétaire de cette forêt. Il m’a dit qu’ayant grandi et passé sa vie dans ce village devenu ville, il avait décidé depuis les six dernières années de prendre le temps que lui a libéré sa retraite pour nettoyer chez lui.

Non seulement cet homme au grand cœur avec un respect immense pour sa terre d’accueil et son territoire nettoyait le fossé le long du bois, mais aussi, il m’expliqua qu’il se promenait tout le long de la ville, des routes aux rangs de campagne en passant par sous les ponts, pour effectuer des opérations de nettoyage.

Il me montra ses trouvailles, principalement les détritus cités plus haut, mais il me questionna sur ces nouveaux contenants blancs qu’il trouvait de plus en plus. J’ai ri tristement en voyant le logo de la SQDC (Société québécoise du cannabis).

Quand je l’ai remercié pour son dévouement et lui ai dit combien cela m’avait ravivé l’âme de voir qu’il y avait encore du monde prêt à se salir les mains pour une cause noble, l’homme de maintenant 82 ans s’exclama en souriant que cela le gardait en forme et il conclut en disant : « Peut-être qu’à force de me voir ramasser leurs déchets, les gens finiront par avoir honte de tout jeter par la fenêtre et qu’ils vont changer. »

Je désirais faire partager ce moment simple, mais surtout mettre en lumière cet inconnu exceptionnel qui agit concrètement depuis maintenant six ans en luttant dans l’anonymat contre l’usage unique d’une multitude d’objets que plusieurs jettent nonchalamment après utilisation. Je tenais personnellement à le remercier de rendre ce terrain boisé plus attrayant et j’espère que ce message d’espoir et de bonté se rendra jusqu’à ses oreilles. Sinon, je suis convaincu que je le recroiserai un jour, courbé en deux, un sac à la main, mais avec le sourire du juste aux lèvres. 

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