Le 18 janvier dernier, j’annonçais ma candidature au poste de maire pour les prochaines élections municipales, à Montréal. Le plan était de déclarer publiquement mon intention, pour ensuite m’attaquer à l’organisation de la campagne. Aujourd’hui, je réalise que c’était un mauvais calcul, une séquence qui ne m’a pas permis de rassembler les conditions gagnantes. J’annonce en conséquence mon retrait de la course.

Cette décision m’est particulièrement pénible parce que j’ai toujours la conviction que notre proposition est pertinente, voire nécessaire. Alors que la campagne de Montréal promet un choc d’idées et de personnalités, j’ai voulu mettre au centre du débat public l’importance de l’exécution. Car à sa face même, la Ville de Montréal, et sa structure sibylline, n’arrive pas à livrer les services de base à un niveau de qualité acceptable.

Il y a 15 ans, l’opinion publique se scandalisait des « nids-de-poule ». Aujourd’hui, plus personne n’en parle. Pas parce que la situation s’est améliorée, mais parce que l’asphalte défoncé paraît comme un moindre mal par rapport à des problèmes encore plus pénibles, en premier lieu les lacunes de l’entretien du domaine public ou l’absence de coordination et d’atténuation des entraves sur le domaine public.

Or, les poubelles qui débordent ou les rues creusées à répétition ne sont que les manifestations les plus visibles des difficultés de la Ville lorsque vient le temps d’exécuter. Difficile de vouloir relancer le centre-ville alors que le chantier de la rue Sainte-Catherine s’étendra sur plus de 10 ans. Difficile d’imaginer le décollage de l’est de Montréal si nous n’arrivons pas à engager rapidement les fonds disponibles pour réhabiliter les terrains contaminés. Difficile de vouloir sauver la planète si, à l’échelle locale, nous sommes incapables, par exemple, de déployer des poubelles de rue pour recueillir les matières recyclables et les résidus alimentaires, comme ça existe dans tant de villes. Ou difficile d’espérer que Montréal participe au concert des métropoles internationales alors que notre entrée de ville, lorsqu’on atterrit à Montréal-Trudeau, nous fait passer comme un bled perdu.

Ces « défis de base » n’ont pas de solutions faciles. Redresser la situation demandera beaucoup d’énergie et de ressources. C’est pourquoi je proposais que la seule priorité du prochain mandat soit de « mettre de l’ordre dans la maison ».

Et à ceux et celles qui s’inquiétaient que ce programme, bien terne, plonge Montréal dans l’ennui, je répondais que l’âme de la métropole, ce qui la rend si exceptionnelle parmi les grandes villes d’Amérique du Nord, n’est principalement pas le résultat des actions de l’hôtel de ville, mais bien celles de la société civile. Le parc du Mont-Royal, la revitalisation des Shops Angus ou des abords du canal de Lachine, le Quartier des spectacles ou la TOHU sont nés de la détermination et de l’esprit d’inventivité des Montréalaises et de Montréalais. Aussi, une Ville qui cherche à devenir plus agile et performante serait une bien meilleure alliée pour nos « entrepreneurs » civiques.

Je me retire donc la course, mais promets de demeurer impliqué pour l’essor de notre métropole. Pour l’heure, je lève mon chapeau à ceux et celles qui persévéreront jusqu’à la ligne d’arrivée, en novembre. Faire campagne alors que les rassemblements et les poignées de main sont proscrits demande beaucoup de courage et d’abnégation. Vous méritez toute notre admiration.

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