Créé pour satisfaire les besoins des importateurs et exportateurs à un coût raisonnable, le Port de Montréal est une infrastructure stratégique au service des millions de Québécois et de Canadiens. Chaque année, des marchandises d’une valeur de 100 milliards de dollars transitent sur nos quais, soit près de 275 millions chaque jour !

On y trouve des marchandises destinées aux familles du Grand Montréal qui rénovent leurs maisons, aux manufacturiers du Centre-du-Québec, aux pharmacies de la Capitale ou encore aux usines automobiles ontariennes. Le Port de Montréal, ce n’est pas le port de la métropole ni celui d’une entreprise ou d’une industrie : c’est le port de tous ceux et celles qui habitent dans l’est du Canada.

Mais au tournant du premier trimestre 2021, le Port est considérablement affecté par un climat d’incertitude incompatible avec une industrie maritime qui doit choisir de détourner ses navires pour offrir un minimum de fiabilité, et ce, malgré les délais et les coûts supplémentaires. La détérioration récente des relations de travail entre le Syndicat des débardeurs et l’Association des employeurs maritimes affecte grandement notre capacité à réaliser une mission aujourd’hui considérablement amputée. Et le risque d’escalade ne fera que l’amputer davantage. Après une baisse de 11 % de ses volumes en mars, le Port doit aujourd’hui composer avec des décisions qui ont pour conséquence une réduction de près de 30 % de ses capacités portuaires.

Pour une rare fois de son histoire, le Port de Montréal affiche une performance qui détonne face à celle de ses compétiteurs de la côte est américaine qui, à l’inverse, connaissent une croissance importante.

La poursuite des échanges commerciaux internationaux est essentielle à l’approvisionnement en biens critiques, mais aussi au fonctionnement même de notre économie… relance ou pas. Ainsi, le Port de Montréal a un double rôle : à l’import ou l’export, il est à la fois un agent économique créateur de richesse et un service public fiable assurant la sécurité des collectivités qu’il dessert. Or, ce mandat s’annonce de plus en plus difficile.

Ce constat est d’autant plus navrant que la diversification des marchés, la multiplication de nouveaux accords internationaux et l’accès à plus de 140 pays où exporter bénéficient au plus grand nombre. Alors que le bateau est le moyen de transport le plus sobre en carbone et qu’il achemine 90 % du commerce mondial, ce n’est pas sans raison que la Loi maritime du Canada fait des ports comme celui de Montréal des infrastructures stratégiques qui ont pour mission la compétitivité, la croissance, la prospérité, mais aussi la sécurité des collectivités. Certains de nos services portuaires, comme le grain et le transport maritime vers Terre-Neuve, sont d’ailleurs reconnus comme étant essentiels par les autorités.

Depuis le début de la pandémie, les chaînes logistiques ont démontré leur importance et les intervenants du secteur ont été désignés travailleurs essentiels ou prioritaires par les gouvernements.

Par bateau sont arrivés les ordinateurs indispensables au télétravail, les matières premières pour le matériel médical, mais aussi les pièces d’avion ou d’auto qui font tourner nos usines.

Or, le contexte tendu des relations de travail au Port affecte significativement la fiabilité des opérations portuaires. La réduction des plages de travail disponibles générera des retards et des coûts supplémentaires pour les clients du Québec et de l’Ontario. Rares sont les services publics offerts à temps partiel : c’est pourtant ce qui sera imposé aux milliers d’entreprises qui sont la raison d’être du Port.

L’actuel conflit de travail fait en sorte que les opérations portuaires ne seront offertes que partiellement et que les capacités seront significativement amputées. Pour ces milliers d’exportateurs et d’importateurs et pour la population qui compte sur cet approvisionnement, les parties doivent reconnaître la nature stratégique de ce service public et conclure rapidement une entente.

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