Le 23 mars 2021 l'Institute of Health and Social Policy (IHSP) de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill a organisé un évènement pour décrire les actions réalisées dans divers pays pour prévenir l’itinérance et aborder des actions que nous pourrions entreprendre au Québec afin de réduire l’itinérance. Ce webinaire accueillait le DEric Latimer, chercheur à l’Institut Douglas en santé mentale, Hannah Brais, coordonnatrice de recherche à la Mission Old Brewery, ainsi que son président-directeur James Hughes.

Le Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal se réjouit de cette initiative qui appelle à la collaboration entre les domaines académiques, communautaires et étatiques. De plus, elle répond à un besoin urgent causé par l’augmentation de l’itinérance au Québec et au Canada depuis les dernières années.

En effet, selon l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, 235 000 Canadiens sont en situation d’itinérance chaque soir ! À Montréal, les dénombrements de 2015 et 2018 montrent une augmentation de 8 à 12 % pendant cette période, et ce, sans compter les personnes qui vivent en situation d’itinérance dite cachée. La pandémie a, sans aucun doute, accentué cette augmentation. Ceci est inadmissible et doit nous pousser à agir !

Des recherches prometteuses

Un des projets de recherche dont il a été question lors de l’évènement de l'IHSP présente les résultats d’une enquête faite auprès des jeunes de l’ensemble des écoles de la région de Geelong, en Australie. Un questionnaire a été distribué à tous les jeunes d’âge scolaire, ce qui a permis de déterminer que 1 % des jeunes étaient à très haut risque d’itinérance et que 3 à 4 % étaient à haut risque, et ce, indépendamment de leurs résultats scolaires. Ce sondage démontre que 55 % des jeunes à risque étaient des jeunes femmes et que 20 % étaient des personnes autochtones. En suivant ces jeunes, et en ciblant les actions de prévention auprès d’eux, l’État australien pourra ajuster ses interventions et réduire l’itinérance à long terme.

Il a également été question d’un autre projet en Ontario portant sur la prévention de la perte de logement et qui permettait aux participants de payer leur loyer. Ce projet a évité que ces personnes se retrouvent en situation d’itinérance.

Agir en amont

Le Québec devrait également étendre ses études sur les personnes à risque d’itinérance et soutenir les programmes de prévention destinés aux personnes les plus à risque, comme celles qui sortent d’institutions (centres jeunesse, hôpitaux, centres de détention) ou celles à risque de perdre leur logement.

Il serait bénéfique de privilégier l’analyse différenciée selon les sexes intersectionnelle (ADS+) dans ces recherches pour tenir compte des besoins spécifiques des différentes populations à risque d’itinérance, comme les femmes qui ont vécu de la violence conjugale. Le tableau de bord du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal1 fait état de certains de ces facteurs de risque et des points de bascule qui peuvent mener à l’itinérance.

Ce n’est qu’avec des données probantes issues de projets de recherche ainsi que des financements adéquats que nous pourrons collaborer et agir sur le phénomène de l’itinérance de façon efficace.

Selon le DLatimer, il y a trois niveaux d’intervention. Le niveau primaire touche la prévention avant que survienne l’itinérance, le niveau secondaire soutient les personnes qui viennent de basculer dans l’itinérance pour qu’elles puissent s’en sortir et le niveau tertiaire allège les souffrances des personnes en situation d’itinérance.

Nous sommes très bons pour alléger les souffrances, mais ne serait-il pas encore préférable de tout mettre en place pour ne plus en créer ?

1 Consultez le tableau de bord du MMFIM

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