En réponse aux différents textes de La Presse publiés en lien avec la tribune offerte à l’ambassadeur de Chine par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), le 13 avril prochain.

Au cours des derniers jours, La Presse s’est interrogée à quelques reprises sur le bien-fondé de la décision du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) d’offrir sa tribune à l’ambassadeur de Chine au Canada, S. E. Peiwu Cong, faisant référence au contexte actuel tendu des relations sino-canadiennes. On a aussi laissé sous-entendre que le CORIM consentait un traitement privilégié à l’ambassadeur en lui déroulant, pour la deuxième fois en moins de deux ans, un tapis rouge menant à notre tribune.

J’affirme qu’il n’en est rien. Sauf les égards qui lui sont dus, comme à chacun de nos invités, aucun traitement de faveur n’est accordé à l’ambassadeur de Chine. Bien que la fréquence puisse être prise en considération pour recevoir une personnalité à notre tribune, ce n’est pas un élément déterminant. Sont plutôt pris en compte l’actualité, l’importance, la pertinence et l’intérêt du sujet traité.

Le CORIM est une tribune non partisane. Notre mission est de favoriser une plus grande connaissance des enjeux internationaux. Évidemment, tous les sujets ne peuvent être consensuels. C’est pourquoi nous nous efforçons de donner la parole à des personnalités diverses pouvant exprimer différents points de vue sur les multiples enjeux, souvent complexes, parfois sensibles, auxquels notre monde est confronté.

Nous nous sommes entendus avec l’ambassade de Chine que l’évènement avec l’ambassadeur prendrait la forme d’un entretien et non d’un discours, où tous les sujets, même les plus sensibles, pourront être abordés. Nous aurons des questions, et l’auditoire jugera de la qualité des réponses.

Lorsque le CORIM a reçu une première fois l’ambassadeur Cong, le 5 décembre 2019, tous les dossiers faisant aujourd’hui l’objet de tensions entre le Canada et la Chine étaient déjà présents dans la sphère publique : la question des Ouïghours, la situation à Hong Kong, l’arrestation et l’assignation à résidence de Meng Wanzhou à Vancouver, ainsi que la détention en Chine de Michael Spavor et de Michael Kovrig.

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Meng Wanzhou

L’auditoire avait alors pu entendre et porter un jugement sur les positions défendues par l’ambassadeur Cong. Malgré des relations sino-canadiennes déjà difficiles, personne ne s’était scandalisé que nous le recevions à notre tribune et encore moins ne réclamait qu’on le lui interdise.

L’avoir fait alors, ou le faire maintenant, serait tomber dans le travers si souvent reproché aux pays où l’on interdit la parole à ceux qui expriment une pensée divergente.

Accessoirement, puis-je évoquer le fait que le Globe and Mail a publié dans ses pages, le 19 mars, une longue opinion de l’ambassadeur Cong sur les relations Chine-Canada. Invoquant les tensions dans les relations entre nos deux pays, la direction du Globe and Mail aurait-elle dû refuser de la publier ? Que ferait La Presse dans un même cas de figure ?

Rappelons par ailleurs que le Canada, malgré les difficultés actuelles dans ses relations avec la Chine, malgré les tensions indéniables et malgré les sanctions prises de part et d’autre, entretient toujours des relations diplomatiques avec ce pays.

Choisir de ne pas recevoir l’ambassadeur de Chine serait prendre une position politique. Ce qui n’est pas la mission d’un organisme non partisan comme le CORIM. Pour nous, il importe d’abord de permettre aux gens de s’exprimer sur des questions internationales, puis de laisser l’auditoire se faire lui-même une idée sur les propos tenus par nos invités.

J’espère qu’avec ces quelques éclaircissements, on comprendra mieux que l’accès de l’ambassadeur Cong à notre tribune n’est pas une réponse servile à une demande du gouvernement chinois, mais plutôt la résultante de notre volonté d’offrir un espace de dialogue sur des enjeux d’importance majeure dans les relations internationales canadiennes.

> (Re)lisez le texte de Mélanie Marquis

(Re)lisez l’éditorial d’Alexandre Sirois

(Re)lisez la chronique de Patrick Lagacé

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