Le 21 mars marque la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Cette journée offre l’opportunité à chaque nation de réfléchir à l’évolution de son propre combat contre l’intolérance, l’oppression et l’inégalité. Ici, au Québec, nous tenons notre Charte des droits et libertés comme preuve tangible de notre engagement envers l’égalité et la justice, mais force est d’admettre que nous avons failli à cette tâche au cours des dernières années.

Le Québec sait que le progrès est parfois le résultat de dures leçons. Pendant des siècles, l’Église catholique a exercé un contrôle démesuré sur le peuple québécois, un contrôle qui échappait pourtant à ses citoyens ; il a fallu une Révolution tranquille et un mouvement de manifestations et de mobilisation pour opérer d’importants changements. Animée par un désir de rompre avec la tradition et d’avancer comme société, l’Assemblée nationale a promulgué la Charte des droits et libertés de la personne du Québec en 1975.

Dans ce document, on écrivait : « Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association. »

Cela précédait alors de sept années la Charte des droits et libertés du Canada. Nous ne nécessitions donc pas l’intervention du gouvernement fédéral pour nous apprendre ce que nous savions tous et toutes. Pourtant, 45 ans plus tard, le gouvernement caquiste a choisi de nous faire revenir sur nos pas.

En 2019, ceux-ci firent adopter la loi 21, qui bannit de certains emplois de la fonction publique les gens dont l’expression religieuse inclut le hijab, la kippa ou le turban. Cela viole de manière injustifiée les droits et libertés garantis par la Charte québécoise.

Afin de protéger la loi 21 des contestations fondées sur la Charte québécoise, le gouvernement de la CAQ s’est prévalu du mécanisme de dérogation dans la Charte québécoise. Il a également modifié la Charte québécoise et la Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État, affaiblissant ainsi les protections initialement offertes à la liberté religieuse et aux droits à l’égalité.

Alors que nous en sommes à remettre en question la nature de nos valeurs québécoises, il importe de se souvenir que la Charte fut adoptée à l’unanimité par l’ensemble des membres de l’Assemblée nationale du Québec, tandis que ses modifications de 2019 furent adoptées par une simple majorité.

Nous croyons que le Québec doit aspirer à être une société diversifiée et inclusive qui corrigera ses erreurs du passé. Nous sommes sûrs qu’il sera possible d’atteindre notre potentiel exceptionnel et de continuer d’avancer comme société qui protège les droits et libertés de toutes ses citoyennes et tous ses citoyens. Cet objectif ne pourra être accompli qu’en élargissant les protections offertes par la Charte plutôt qu’en érodant ses dispositions.

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