Le contexte de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars, m’amène à me pencher sur la situation de la langue française au Québec. Nous le savons tous et toutes, les indicateurs rendus publics ces dernières années montrent le recul du français au Québec, et plus particulièrement à Montréal. Que ce soit par rapport à la langue d’accueil dans les commerces, à la langue utilisée au travail ou à d’autres aspects de la vie collective québécoise.

Toutefois, deux éléments m’importent dans cette lettre. D’abord, celui voulant que la proportion de personnes éprouvant de l’indifférence lorsqu’elles sont servies dans une autre langue que le français augmente depuis 2012, tout particulièrement chez les jeunes francophones. Ensuite, celui que le Recensement de 2016 confirme, soit la tendance amorcée depuis une trentaine d’années en ce qui concerne la diminution du poids démographique des francophones au Québec.1

Une situation inquiétante qui exige une réaction forte

Ce sont des enjeux qui semblent aussi préoccuper l’esprit des deux ordres supérieurs de gouvernement. En effet, le gouvernement fédéral a déposé tout récemment un livre blanc sur l’avenir des langues officielles et le gouvernement du Québec entend présenter ce printemps un projet de loi pour modifier la Charte de la langue française.

Ce sont des signes qui, espérons-le, seront annonciateurs d’un renversement rapide de la tendance de déclin du français.

Tout en saluant le plan d’action costaud annoncé par le ministre Jolin-Barrette, ce dernier doit aussi s’assurer que des retombées importantes soient visibles à court terme à Montréal. Ce plan d’action audacieux doit notamment prévoir des coups d’éclat qui viendront affirmer que Montréal est une métropole internationale de langue française.

Protéger et promouvoir la langue française à Montréal et à l’international

Le chercheur Robert Laplante a développé récemment l’idée que Montréal se dote d’une université internationale de la francophonie.2 Une université qui, rappelle-t-il, devrait s’associer aux principales universités québécoises et compter sur l’appui de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Pourquoi ne pas intégrer aussi des institutions de la société civile comme Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ, ou d’autres pour dynamiser ce projet ? Pourquoi ne pas créer dès maintenant un comité de travail à ce propos ?

À quelques mois des élections municipales, il s’agirait d’un projet dont pourraient se saisir les candidates et candidats à la mairie de Montréal, faisant ainsi de la langue française un sujet incontournable de leur campagne électorale.

Le plan d’action du ministre devrait aussi comporter, selon moi, des mécanismes pour augmenter la présence du Québec auprès de la francophonie internationale et nord-américaine. L’Afrique francophone peut notamment être un endroit de prédilection pour le développement de relations étroites d’un point de vue économique, technologique ou culturel pour les jeunes Québécois.

Bien que la défense et la promotion doivent être une mission intrinsèque de tous les ministères et organismes québécois, nous constatons que de nombreux ministères se partagent ces responsabilités. Conséquemment, cela mène à un certain éparpillement et peut nuire à la cohérence des actions. Il s’agit là d’une réflexion que devraient faire le premier ministre Legault et son entourage dans leurs efforts en matière de promotion de notre langue nationale.

1 Consultez le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec, avril 2019


2 Lisez « Pour la création de l’Université internationale de la Francophonie »

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