Les deux grandes victimes du sous-financement du réseau de la santé et des services sociaux sont la population et les salariés

Québec ne manque pas une occasion de vanter les sommes qu’il alloue au réseau de la santé et des services sociaux (RSSS). À en croire le gouvernement Legault, il fait tout le nécessaire pour en assurer un financement adéquat. Si cela était vrai, nous serions les premiers à le reconnaître. Malheureusement, la réalité est tout autre.

Malgré les investissements des dernières années, le RSSS opère toujours avec un sous-financement chronique. En comparant l’évolution réelle des budgets avec celle qui aurait dû avoir lieu de 2008 à aujourd’hui pour garantir le maintien des services et leur amélioration, nous trouvons un déficit de 3,6 milliards de dollars. Et en nous fiant aux données de la mise à jour économique de novembre, nous constatons que ce manque à gagner pourrait atteindre 4,4 milliards. Difficile d’y voir une amélioration !

La première victime de ce sous-financement est la population, qui ne peut avoir accès aux soins et services auxquels elle a droit. La deuxième, c’est le personnel du RSSS, qui voit le retard pour combler l’écart salarial avec les autres salariés du Québec s’accroître d’année en année et ses conditions de travail se dégrader au point de travailler à s’en rendre malade.

Tirer des leçons de la pandémie

Force est de constater que le gouvernement maintiendra le sous-financement hérité des années d’austérité budgétaire. Considérant que ce dernier est directement lié aux déboires du réseau à supporter la pression découlant de la pandémie, la timidité de l’action gouvernementale déçoit. Surtout que les besoins sont immenses.

Il est urgent de faire des investissements massifs et structurants dans les secteurs dont la pandémie a démontré la faiblesse.

Pensons à la santé publique, à la prévention, à la santé mentale, à l’hébergement et au soutien à domicile des personnes âgées, aux services de protection de la jeunesse, etc. Il ne sera pas possible de recoller les pots cassés si le ministre des Finances n’assure pas durablement la qualité des services à la population dans le prochain budget.

Miser sur l’audace en matière de finances publiques

Nous comprenons que la pandémie est venue compliquer les choses côté budget et que des choix s’imposent. Justement, le temps de l’audace est venu. Pourquoi poursuivre dans le carcan imposé par la loi sur l’équilibre budgétaire ? Un retour rapide au déficit zéro forcera la reprise des compressions et le maintien du sous-financement, tout en assurant un avenir désastreux pour le RSSS et pour la population. Engager le Québec dans cette voie est la pire des idées.

Nous attendons du gouvernement qu’il prenne acte des échecs passés. S’il pense manquer de moyens, pourquoi ne travaille-t-il pas à augmenter ses revenus plutôt que de restreindre sans cesse les dépenses ?

C’est l’avenir de nos services publics qui est en jeu, rien de moins ! La dernière année nous montre le coût exorbitant à payer lorsqu’on ne leur accorde pas le financement adéquat.

Aucun service de qualité à la population n’est possible sans des conditions de travail adéquates pour ceux et celles qui le procurent. Il faut attirer la relève, garder les gens d’expérience et favoriser les approches qui misent sur l’expertise de tous et de toutes. Les contrats juteux offerts par le gouvernement au secteur privé, qui, lui, n’hésite pas à offrir des salaires généreux et des conditions de travail décentes à son personnel, ne font que renforcer cette nécessité.

Le gouvernement refuse toujours de discuter de ces sujets. Le ministre des Finances n’a même pas cru bon de rencontrer l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) dans le cadre de ses consultations prébudgétaires, faute de temps, nous a-t-on dit. À tout le moins, cela aurait pu démontrer un minimum de considération et de respect envers les membres de l’APTS et leur contribution indispensable dans la lutte contre la pandémie.

À voir comment le premier ministre Legault laisser piétiner les négociations pour le renouvellement de la convention collective depuis plus d’un an, du respect et de la considération, ce gouvernement n’en a malheureusement jamais eu.

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