Il y a un an, le Québec entrait en restriction pandémique. C’était le début des points de presse quotidiens et des limites imposées à nos vies par la crise sanitaire. Bureaux vides, centres-villes déserts, culture mise sur pause, transports collectifs dépeuplés, commerces fermés : le fait urbain a été particulièrement touché par la pandémie.

Nous avons pu, en revanche, apprécier la quiétude des rues sans circulation et la flexibilité du télétravail.

En forçant chacun à rester chez soi, la pandémie a également permis à plusieurs de renouer avec la cuisine ou le jardinage et de redécouvrir leur quartier. La détresse exprimée par les commerçants en a aussi poussé beaucoup à faire le choix de l’achat local.

Pendant ces 12 derniers mois, nous avons été une communauté éprouvée, mais une communauté plutôt solidaire.

Et maintenant ? Alors que nous voyons poindre à l’horizon la sortie de crise, que garderons-nous de ce que nous avons appris, à la dure, de la pandémie ?

Deux chemins sont possibles

Le premier est le chemin du repli. Travailler principalement chez soi, acheter en ligne, agrandir son espace personnel et réduire la fréquentation des lieux publics.

C’est le chemin de la course à la mégamaison ou à l’emplacement idéal sur le bord d’un lac ou d’un boisé, avec toute la pression que cela implique sur l’environnement.

Ce sont nos terres agricoles et nos milieux naturels qui paieraient le prix d’un exode urbain rendu possible par une vie plus numérique que jamais.

Cette consommation de territoire accrue ne sera pas compensée par une réduction des déplacements : le télétravail ne peut diminuer les distances parcourues s’il en découle de nombreux déménagements à distance des centralités. La fréquentation, même occasionnelle, des services urbains par une population éloignée en croissance augmentera, au final, les kilomètres parcourus et le besoin en infrastructures et en services publics.

Cette solution est insoutenable, collectivement.

Le repli sur le domestique, c’est aussi un repli dans nos bulles d’affinité et la réduction des interactions non choisies qui sont, pourtant, ce qui fait de nous une société, et pas simplement un clan.

Le second chemin est celui du rebond. La pandémie a mis au jour nos vulnérabilités, mais aussi les possibilités que peuvent offrir, en particulier, des milieux de vie mieux aménagés.

À l’avenir, allons-nous mieux partager l’espace public, au bénéfice de la mobilité douce, du jeu des enfants et du verdissement ? Allons-nous créer les systèmes alimentaires de proximité qui renforceront notre autonomie alimentaire et réduiront notre empreinte environnementale ? Allons-nous construire une offre de logements abordables qui réponde à tous les besoins ?

Allons-nous consolider nos cœurs de villes et de villages pour renforcer notre identité et rendre les services plus accessibles ?

Le chemin du rebond renforcera notre résilience face à une éventuelle prochaine crise. Il peut emprunter le meilleur de celui du repli : la flexibilité du travail à distance, l’efficacité d’une logistique optimisée pour nos commerces en ligne, la conception de logements modulables et de qualité.

Le chemin du rebond est le seul qui permet, en misant sur le partage plutôt que sur l’individualisme, d’assurer notre prospérité tout en gagnant le combat de l’urgence climatique.

La relance post-COVID-19 est l’occasion de combler, en priorité, les besoins les plus criants révélés par la pandémie. Notre sortie de crise ne peut pas être un chacun pour soi. La ville et le fait urbain doivent en sortir grandis. Choisissons le chemin du rebond et assurons-nous de rendre encore plus fort le socle de notre vivre-ensemble.

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