Que faisais-tu il y a un an ? Est-ce que tes souvenirs sont aussi nets que ceux du 11 septembre ? Semblerait que le cerveau engramme ces moments particuliers. J’en perçois encore les plus petits détails. Une nappe froissée. L’hésitation d’un regard. Des chuchotements.

En 2020, le 10 mars, c’était le dernier jour d’inscription au Défi OSEntreprendre. C’était aussi jour de huis clos budgétaire. Il y avait des affiches qui indiquaient de ne pas se faire la bise, un buffet où il ne fallait pas se servir, des ministres qui esquivaient les poignées de mains en présentant leur coude (weird)… Ça ne pouvait pas être anodin tout ça. Le lendemain au bureau, j’ai demandé à l’équipe de se procurer le nécessaire pour travailler à distance.

Je me souviens que ce soir-là, alors que je créais au musée, j’ai changé de place, suspicieuse d’une fille qui toussait. Tellement pas moi ! Tsé, je fais des double dips et je me tiens aux poteaux dans le métro (ok, pu maintenant).

Le jeudi, j’ai indiqué à l’équipe de partir avec tout – équipement, back-up, plantes, caméra, chaussures – dans l’intuition qu’on ne reviendrait pas avant longtemps. Incrédules, malgré ce jour d’avance sur l’improbable, mes collègues m’ont fait confiance et on s’est serré les coudes.

Ayant été en contact avec plein de monde, je me suis alors mise en quarantaine, jusqu’à décliner le gros souper de famille. Pour protéger mon père. Au cas. On me trouvait un brin bizarre…

Pourtant, les écoles et les entreprises fermées, je n’avais pas imaginé ça ! Ni que nous aurions à dire aux 64 325 participants du Défi OSEntreprendre, quelques jours plus tard, qu’il fallait annuler puisque les projets déposés n’étaient plus adaptés à la réalité du moment. Ouf…

Oser aller de l’avant

Le 9 mars 2021, c’était la date limite d’inscription à la 23e édition du Défi OSEntreprendre. Vu les grands enjeux que rencontrent les milieux scolaire et entrepreneurial, je me disais que le quart de la participation habituelle serait déjà remarquable. Et pourtant, elle atteint étonnamment 60 %, avec des dizaines de milliers de Québécoises et de Québécois qui ont osé aller de l’avant avec leur projet. Je ressens une immense fierté face à la résilience, à l’engagement et à la créativité de nos élèves, étudiants, intervenants scolaires et entrepreneurs. Et aussi pour tous ces gens qui les accompagnent et qui n’ont pas lâché !

Toute une année de leadership à distance (ou en plein air) était un grand défi pour moi. Je voulais tant honorer l’agilité et l’engagement de l’équipe. Et surtout de ces humains qui se font assez confiance pour réaliser des rêves.

J’ai privilégié une approche réseau que j’ai nommée « la stratégie du lien », consciente de l’interdépendance entre chacun de nous.

Calibrer les interventions, garder le cap, motiver, performer, rester en équilibre, humaniser. Quelle expérience !

Avant de poursuivre l’accompagnement de ceux qui mettront en œuvre les grands défis opérationnels des prochains mois, je m’offre un temps d’arrêt ce matin. C’est quelque chose de s’autoriser humblement la fierté, courageusement l’audace et puissamment la vulnérabilité. J’apprends à goûter ce (trop rarement accordé) sentiment d’accomplissement. Sans même m’excuser d’en aimer pleinement la saveur… jusqu’à t’en faire part !

Du lumineux, je te dis !

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