En cette journée internationale des droits des femmes, l’organisation Musique Bleue et les signataires de cette lettre souhaitent attirer l’attention sur le manque de représentation des femmes1 québécoises sur les ondes radiophoniques commerciales.

La parité homme-femme dans les milieux de travail est une condition primordiale pour une société en santé. Toutefois, au Québec, en musique, comme dans bien d’autres milieux, celle-ci est loin d’être atteinte.

En effet, sur les stations comme CKOI, Énergie, Rouge FM ou Rythme FM, la proportion d’artistes féminines diffusées dans la programmation francophone oscille entre seulement 2 % et 30 % 2. Pourtant, il ne manque ni d’artistes ni de talent féminin ; cet écart n’est d’aucune façon représentatif de l’offre actuelle québécoise.

À long terme, cette basse représentation féminine à la radio commerciale alimente en plus un cercle vicieux : la visibilité de modèles féminins étant réduite à la radio, les femmes qui ont le désir de faire carrière dans le domaine s’y sentent dès le départ en partie exclues, ce qui a un effet dissuasif, et réduit donc inévitablement le nombre de productions par des artistes féminines et, par le fait même, leur présence sur les ondes.

Quand les interprètes et autrices-compositrices d’ici questionnent les programmateurs pour savoir ce qui justifie leur exclusion des ondes, les explications qu’elles reçoivent sont souvent surréalistes.

« Tu sonnes trop féminine » ou « y’a déjà assez de filles sur nos ondes », propos entendus et rapportés en 2021, ne sont pas des raisons valables ni acceptables pour refuser de jouer une chanson.

La société québécoise tente d’évoluer depuis plusieurs décennies vers la parité. Un mouvement évident se fait sentir depuis quelques années pour déconstruire les préjugés méprisants qui condamnent les femmes québécoises à se contenter d’un espace limité pour leur épanouissement professionnel ; il est grand temps que ce mouvement et ces changements se ressentent aussi dans la programmation des radiodiffuseurs.

En ces temps de pandémie, où la solidarité est de prime importance, où l’on réalise à quel point la beauté vivifiante qu’apporte la culture, et évidemment la musique, est nécessaire à nos vies, le moment est venu de remédier à cette situation.

1 Le féminin est utilisé dans le but d’alléger le texte ; son utilisation inclut toutes les femmes et personnes non binaires.

2 Ces statistiques ont été compilées en juin 2020 et février 2021.

*Cosignataires : Stéphanie Boulay, Marie-Pierre Arthur, Klô Pelgag, Béatrice Martin (Cœur de pirate), Laurence Nerbonne, Fanny Bloom, Sarahmée, Sophia Bel, Laurence Lafond-Beaulne (Milk & Bone), Lou-Adriane Cassidy, Salomé Leclerc, et plus de 150 artistes : https://www.musiquebleue.org/lettre-ouverte-

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