Non, il n’est pas question ici de traits distinctifs du lapin qui pourrait s’apparenter à la gestion du gouvernement Legault. LAPIN est un acronyme pour décrire ma perception du travail fait par l’équipe de M. Legault.

L pour lenteur

Pour moi, un des faits marquants de la gestion gouvernementale a été sa lenteur à planifier et à réagir aux évènements. Les consignes sur le port du masque est un exemple probant. Les appréhensions du début étaient compréhensibles. Mais le gouvernement a mis plusieurs mois à rendre le masque obligatoire dans les endroits publics fermés, même après que la recherche et l’expérience eurent démontré son efficacité.

Le rapport trouble de M. Arruda avec le couvre-visage a été un des éléments les plus troublants de sa gestion.

Le gouvernement a été très lent à permettre aux proches aidants d’accompagner leurs parents malades, un décalage qui a coûté cher en souffrance des mourants et de leurs proches. Cet interdit absolu a été fortement décrié par la protectrice du citoyen dans son rapport intérim sur la pandémie dans les CHSLD.

A pour âgisme

Aux États-Unis, le DFauci a presque toujours parlé de l’importance de protéger les personnes vulnérables. Pour lui, les personnes âgées représentent un groupe de personnes vulnérables parmi d’autres. Au Québec, l’équipe Legault, et ça depuis le début de la pandémie, concentre presque toute son attention sur les personnes âgées de plus de 65 ans.

Certes, il y a ici une volonté de protéger des personnes durement frappées par la pandémie. Mais à force d’entendre MM. Legault, Arruda et Dubé dire que le « problème » est « causé » par les personnes de 65 ans et plus, on finit par stigmatiser un groupe d’âge qui est loin d’être homogène. En plus, le discours dominant fait en sorte qu’on oublie les autres groupes et personnes tout aussi vulnérables.

Le 1er novembre 2020, le New York Times a fait part d’une étude qui concluait que les personnes avec des déficiences intellectuelles et de développement mental ont trois fois plus de chances de mourir de la COVID-19. Malgré cette très grande vulnérabilité, on entend très peu parler des adultes autistes, par exemple, avec le résultat que ces personnes ne sont pas considérées comme prioritaires pour recevoir le vaccin.

P pour paternalisme

M. Legault aurait pu chercher des façons d’encourager l’autonomie des citoyens. Il a préféré nous dire ce qu’on devait faire et ce qu’on ne devait pas faire. Il nous a même dit ce qu’on devait faire durant la relâche et quels films on devrait voir. Pour moi, le discours infantilisant de M. Legault a été un fait marquant de ses points de presse.

I pour incohérence

Quand les jeunes sont retournés à l’école, le port du masque était obligatoire dans les corridors et non dans les classes. Au même moment, les élèves d’une école secondaire de Montréal ont décidé, par eux-mêmes, de porter le masque. Pour eux, c’était une évidence. C’était LA chose à faire.

Au début de la deuxième vague, il était permis de faire du ski, mais il n’était pas permis de marcher à l’extérieur avec des personnes résidant à des adresses différentes.

M. Legault annonce qu’il y aura une semaine de relâche et, du même souffle, il dit que les grands-parents ne devraient pas garder leurs petits-enfants. L’équipe Legault aurait besoin d’un Sherlock Holmes. En absence de certitudes empiriques, il y a toujours la logique.

N pour naïveté

Je pourrais énumérer plusieurs exemples qui témoignent d’une certaine naïveté de la part de M. Legault. Il y a eu, par exemple, son contrat moral pour le temps des Fêtes. Il y a eu toutes ces publicités durant la première vague qui ne faisaient que répéter les consignes sanitaires, comme si la répétition d’informations en continu allait changer les comportements. M. Legault aurait mieux fait d’engager des experts en éducation plutôt que des experts en communication.

J’ajouterais aussi le fait que M. Legault aime bien s’autocongratuler. À un moment donné, il s’est attribué une note parfaite pour sa gestion de la crise.

Il a ensuite parlé des programmes de formation des proposés aux bénéficiaires comme de sa plus belle réussite. Et tout récemment, il s’est dit meilleur que la Santé publique pour son approche plus sévère.

Il faut être quelque peu naïf pour ne pas réaliser que ce genre d’autocongratulation pourrait être perçu comme prématuré, voire indécent, alors que nous sommes encore en pleine pandémie et que le Québec a le pire bilan au Canada. En fait, M. Legault semble toujours surpris quand ses paroles et ses gestes suscitent la controverse. Les réactions autour du financement des recettes de popcorn perdu est un exemple récent.

Donc, le professeur en moi donne une note assez bonne pour l’effort et les intentions bienveillantes déployés par M. Legault et son équipe. Mais, comme le dit si bien l’adage : l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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