J’assiste avec consternation au débat « buttergate », déclenché il y a quelques jours par l’ami des agriculteurs, Sylvain Charlebois. Depuis la parution de son article « choc » dans un journal montréalais, le débat s’est enflammé, causant même la prise de position des Producteurs de lait du Québec, du Syndicat affilié à l’Union des producteurs agricoles (UPA) représentant les quelque 3000 producteurs de lait de vache de la province, contre l’utilisation de l’huile de palme et ses dérivés dans l’alimentation des vaches.

Regardez-vous toujours en détail ce que contient chaque aliment que vous achetez ? Regardez-vous à la lettre ce que contient le sac de moulée pour votre chat, votre chien ? C’est la même chose pour les producteurs. Certains utilisent par choix le Palmit et savent très bien ce qu’il contient, alors que d’autres ont carrément fait le choix de ne pas en donner et d’utiliser un supplément conventionnel à la place… qui contient probablement aussi de l’huile de palme, puisque cela permet de produire un supplément à faible coût. Comme dans l’alimentation humaine, l’ajout d’huile de palme dans les suppléments et moulées diverses destinés aux vaches laitières est autorisé au Canada.

Là où ce débat n’a aucun sens, c’est lorsque l’opinion publique, alimentée par une déclaration de M. Charlebois, sans aucune mise en contexte, sans aucune explication, dépeint les producteurs de lait dans un coin comme des pollueurs, des fraudeurs, des menteurs, alors que ce même public achète probablement toutes les semaines des produits qui contiennent de l’huile de palme ! Un exemple très simple : le Nutella, cette tartinade aux noisettes bien connue depuis des décennies. Saviez-vous que cette petite merveille contient 23 % d’huile de palme ? On vante ce produit dans des publicités à la télévision à des heures de grande écoute et jamais, depuis le début du buttergate, on n'en entend parler. Acheter du Nutella, c’est normal.

Je suis convaincue que la quasi-totalité de la population adulte du Québec ne sait pas le quart de la moitié du tiers du contenu de ce qu’elle achète au magasin.

Pourquoi alors s’indigne-t-on à ce point parce qu’une vache consomme une centaine de grammes par jour d’un produit qui contient de l’huile de palme dans une ration alimentaire journalière totale de plusieurs kilogrammes ?

J’ai toujours été contre l’utilisation de ce produit dans l’alimentation des animaux à la ferme, pour des raisons environnementales évidentes et connues, et aussi parce que je crois que les effets à long terme sur l’animal sont peu connus. Mon conjoint n’en a jamais délibérément utilisé. Mais je suis aussi contre son utilisation dans les produits destinés à l’alimentation humaine pour les mêmes raisons.

Donc, tant qu’à faire un débat sur l’huile de palme, faisons-le jusqu’au bout. Et dans notre ère d’achat local, comme le Nutella n’est même pas québécois, allez donc acheter la tartinade aux noisettes de Stefano, faite au Québec, mais surtout, sans huile de palme.

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