Finalement, je crois qu’il est impératif qu’il y ait une enquête publique sur la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault. Alors oui, j’ai changé d’idée. Le mandat de Joanne Castonguay, bien qu’elle soit ultra-compétente, n’aboutira pas à ce que les Québécois méritent, ce que nous avons besoin de comprendre et surtout le droit de savoir. L’exercice ne portant que sur les milieux de vie pour aînés lors de la première vague ne suffit plus.

À ce moment-ci, la seconde vague se termine. À l’exception de Montréal et de Laval, toutes les régions sont dans des zones orange, sinon jaunes. L’entente conclue entre le gouvernement et les Québécois et portant sur le nombre de décès et de personnes aux soins intensifs est reniée par François Legault.

Bon nombre de Québécois le reconnaissent maintenant.

La seule stratégie du gouvernement est de faire perdurer le plus possible un confinement des plus stricts avec en prime un couvre-feu. La responsabilité entière repose donc, encore, sur les seules épaules des Québécois dociles.

Dans pareil contexte, que 80 % des Québécois jugent satisfaisante la gestion de la pandémie par le gouvernement est absolument renversant et dénote clairement notre incapacité collective à juger des actions et des responsabilités d’un gouvernement qui, sur un ton des plus paternalistes, s’introduit périodiquement dans nos maisons pour servir aux citoyens les leçons, les devoirs et la morale du jour.

Qu’il s’agisse des contradictions sur le port du masque, du manque d’équipement, de la mobilité du personnel entre zones froides et chaudes, des retards à utiliser les tests rapides ou à encourager les purificateurs d’air dans les écoles, le Québécois respectueux des consignes et qui, lui, fait sa part a été bien mal servi.

L’état pitoyable des conditions de travail des soignants et la lenteur des institutions publiques à prioriser l’humain plutôt que la techno-bureaucratie a de quoi choquer. On nous sert le principe de précaution. Je veux bien, mais on prend des « précautions » pour protéger qui, au juste ? Le citoyen, le malade, l’élève ? Ou le Gouvernement, le Ministre, l’Appareil avec un grand « A » ?

Ajoutons-y gaiement les politiques de confinement, de couvre-feu et de délestage uniformes alors que le virus se répand différemment d’une région à l’autre. Et puis, tant qu'à y être, les retards obstinés dans la certification de certaines innovations ou dans l’autorisation d’initiatives de parents ou de communautés d’affaires à s’organiser localement pour trouver des solutions.

Que dire de l’arrogance manifestée à la suite de questions tout à fait légitimes ou encore de l’instrumentalisation de la pandémie et du confinement pour « sauver le système de santé » ou régler des problèmes de délestage qui existaient bien avant la pandémie ?

Et puis, parlant de questions légitimes, les courbes de contagion sont à la baisse partout sur la planète. Plusieurs pays et provinces n’ont ni confiné de façon aussi importante ni eu recours à un couvre-feu aussi liberticide. Pourtant, là aussi, la deuxième vague prend fin. Peut-on s’interroger… ou, du moins, cesser de dire que si les courbes baissent, c’est « parce que le confinement et le couvre-feu fonctionnent et qu’il faut les poursuivre » bêtement ?

Et c’est là que j’en arrive au besoin d’une commission d’enquête publique.

Tant de questions

L’omerta dans le milieu fait des soignants les complices d’un système étouffant qui les épuise. Il faut que cela cesse. Les Québécois sont en droit de recevoir des soins sans devoir subir des temps d’attente qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète.

Nous voulons savoir. À quel point l’organisation syndicale dans les hôpitaux est-elle responsable de ce qui s’y passe ? Comment se fait-il que les horaires de travail des infirmières dans les hôpitaux anglophones ne soient pas possibles dans les hôpitaux francophones ? Et cet exode du personnel soignant ? On croit vraiment pouvoir mettre fin au délestage et rattraper les retards dans pareil contexte ?

Le gouvernement laisse entendre qu’il est bien difficile d'accorder des hausses salariales à des catégories de personnel spécifiques. Et pourquoi donc ?

Au fait, que se passe-t-il sur le plan des négociations collectives, au juste ? Avec un budget qui accapare 50 % des dépenses de programmes, le citoyen payeur a le droit de savoir. Et pourquoi pas des négociations sur la place publique, tiens ?

Le système public hospitalo-centralisé a rendu l’âme. De plus, avec le vieillissement accéléré de la population du Québec, la question du financement est loin d’être réglée. Par conséquent, il est temps de faire taire tabous, dogmes et idéologies dépassées, pour trouver mieux. Il est temps d’inviter les initiatives locales, l’initiative tout court. Et ce, dans un environnement qui le permet et à la hauteur des attentes des Québécois.

Finalement, pour ces raisons, il est urgent, impératif et moralement nécessaire de lever le voile encore davantage en offrant aux citoyens une enquête publique non seulement sur la pandémie, mais sur le système de santé du Québec tout court.

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