On a reproché au mouvement Black Lives Matter d’être trop radical, voire trop violent. Or, nous apprenons que le mouvement Black Lives Matter a été proposé pour le prix Nobel de la paix par un parlementaire norvégien. Voilà un prix pour lequel le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne sera jamais nommé.

Les meilleurs diplômes et statuts sociaux ne suffisent pas à nous protéger des violences policières, contrairement à la croyance populaire.

Qui police la police ? Qui nous protège de la police ? Mais surtout, qui tolère cette impunité ? Qui tient le SPVM responsable de ses actions ? Lorsque la seule institution qui doit protéger et servir terrorise une partie de la population, qui la protège ? Rappelons que nous étions des milliers à marcher dans les rues de Montréal, en mai dernier, à la suite de la mort de George Floyd, pour dénoncer les violences policières qui sévissent depuis trop longtemps dans la métropole.

Qu’avons-nous retenu des derniers mois où nous étions ensemble, dans les rues de Montréal, à dénoncer le racisme et les violences policières ? Il semble que notre mémoire nous fait défaut.

Le mois de l’histoire des Noirs est une occasion de célébrer l’apport des communautés noires au Canada. Cependant, en ce mois qui se veut festif, notre cœur n’est pas à la fête et à la célébration. Les nouvelles nous laissent un goût amer et un sentiment de déjà-vu.

Kwado contre la police

Au début du mois de février, nous avons appris que Kwadwo Manoa Yeboah, un homme noir et avocat du Barreau du Québec, a été interpellé et profilé par le SPVM devant sa fille. C'est lors d’une interpellation de routine que l’homme s’est fait intercepter par un policier et poser une multitude de questions qui n’avaient rien à voir avec le motif de l’interpellation, soit… des suspicions d’utilisation d'un cellulaire au volant.

L’interpellation a pris une tournure angoissante pour le jeune avocat. Il a été menotté et interrogé pendant plusieurs minutes, devant le regard impuissant de sa fille qui a filmé une partie de la scène. Convaincu d’avoir été victime de profilage racial, il compte poursuivre le SPVM.

Camara contre la police

Quelques jours plus tard, Mamadi lll Fara Camara, un autre homme noir, est arrêté et mis en prison pendant six jours pour un crime qu’il n’a pas commis, tout en voyant sa réputation ternie, son appartement saccagé et sa conjointe, enceinte de jumeaux, troublée. En pleine procédure judiciaire, de nouvelles preuves tombent, dont une captation d’images de la scène par caméra, ce qui finit par faire lever les accusations contre le futur père de famille.

Camara est aujourd’hui un homme libre. Dans son cas, des excuses sur le bout des lèvres lui ont été présentées timidement par Sylvain Caron, directeur du SPVM.

Cependant, M. Camara a été jugé trop vite, non seulement par notre système de justice, mais également avec la complicité des médias.

En quelques heures, il est devenu le chou gras des médias. Le visage noir de Camara était partout. Nous connaissons tout sur sa vie. Pourquoi ? Parce qu’il rentrait trop bien dans le moule du suspect habituel et réconfortant pour les gens cachés derrière leur télé.

Il a été mis au banc des accusés avant même d’être jugé. Et ça, les médias, vous en êtes aussi responsables. Il a été coupable jusqu’à preuve du contraire malgré le fait qu’il a clamé son innocence depuis le premier jour. Rappelons qu’il a lui-même téléphoné au SPVM pour porter assistance au policier blessé. Qui paiera pour les pots cassés ? Même en essayant d’aider la police, notre vie est en danger.

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