Il fallait les compter. Bien les compter. Nous en sommes à notre 33fusillade. Ah, oui ! Depuis hier matin, il faut en rajouter une autre. Demain, au moment où vous lirez ces lignes, nous en serons à combien ? Et toujours les mêmes résonnances dans nos quartiers et dans nos vies. Hier, Montréal-Nord. Aujourd’hui, Saint-Léonard. Demain, Saint-Michel. Le décompte se poursuit à coups de fusils, de blessés, de balles perdues et de morts. Et pourtant, nous dit-on, nous ne sommes pas Toronto ni un quelconque quartier mal famé de Los Angeles. Montréal Far West.

Quinze ans. C’est l’âge pour vivre. C’est l’âge de respirer, malgré les parents qui, parfois, nous étouffent. C’est l’âge de rêver à la vie. Toute la vie devant soi. C’est l’âge de contester les interdits, de vivre dans l’insouciance du lendemain. Meriem Boundaoui était à cet âge-là. On ne naît pas pour mourir à 15 ans. On ne rêve pas d’une balle égarée en revenant d’une pâtisserie chercher une surprise pour sa sœur, par un soir d’hiver, dans une ville appréciée par ses visiteurs pour son climat de sécurité. Montréal Far West.

À côté de la vie de la jeune Meriem Boundaoui happée de manière si odieuse. À côté de toutes ces vies volées, il y a les familles meurtries par cette douleur sans nom qu’est celle de perdre un être cher, qui plus est, à l’aube de sa jeunesse.

Il y a aussi les amis, d’autres jeunes proches des victimes, qui se retrouvent soudainement plongés dans un deuil, sans comprendre la nature et la raison de cette violence aveugle et bête.

Il y a aussi ces quartiers gangrenés par le sentiment d’insécurité qui a pris d’assaut nos rues, nos ruelles, nos parcs jusqu’à nos perrons. Il y a le couvre-feu, mais parions que plusieurs s’étaient déjà mis à couvert pour éviter une balle perdue. Montréal Far West.

En marge de la pandémie dont nous mesurons à peine les multiples conséquences, plusieurs évoquent la détresse humaine comme catalyseur de tous ces drames qu’il nous faudra à coup sûr non seulement comprendre, mais enrayer. Mais en attendant, d’autres questions me taraudent l’esprit. Des questions du genre : quelle vision sociale le gouvernement de la CAQ porte-t-il pour les jeunes, particulièrement ceux de l’est de Montréal ?

Au nom de Meriem Boundaoui. Au nom des victimes. De toutes les victimes. Au nom des familles des victimes. Au nom des amis des victimes. Au nom des résidants de l’est de la ville : je déplore cette prolifération des armes, de détresse dans nos rues et dans nos vies.

Au nom des familles montréalaises. Au nom des jeunes Montréalais. Au nom des résidants de l’est de Montréal, je plaide pour un forum, une concertation rapide des acteurs de la sécurité publique et du développement social et communautaire afin de trouver des solutions rapides et structurantes, interarrondissements pour nos quartiers afin de redonner l’est de Montréal à ses citoyens. Nous le devons à Meriem.

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