La lettre s’adresse au premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Monsieur le Premier Ministre, je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de mon désarroi face à la situation dans laquelle se retrouve l’industrie aérienne au Canada.

Mon collègue Yvon Lecavalier et moi avons rencontré, le 6 septembre 1986, Jean-Marc Eustache et Philippe Sureau, alors président et vice-président de Trafic Tour, afin d’établir un calendrier de procédures pour la création d’une compagnie aérienne ayant comme objectif le transport de vacanciers. Quelques semaines plus tard, un autre personnage important s’est joint à l’organisation, François Legault. Deux jours plus tard, nous avions un bureau, un téléphone, un télécopieur ainsi que l’expertise de Trafic Voyages pour nous aider à structurer Air Transat et le Groupe Transat.

Quelque 14 mois plus tard, nous avons réalisé notre premier vol Montréal-Acapulco-Montréal avec un L-1011 C-FTNC. Ce 14 novembre 1987 restera gravé à vie dans la mémoire de tous les employés qui ont aidé à créer cette entreprise. Au début de l’entreprise, nous avions 70 personnes pour s’occuper de l’ensemble des vols générés par cet appareil. Le résultat de cette année financière a été de 35 millions de revenu brut, avec un profit de 1,5 million de dollars.

De 1988 à 2000, nous avons réalisé une croissance plus que formidable grâce au travail acharné de l’administration, dirigée par M. Eustache, ainsi que grâce au dévouement sans limites des tous les employés d’Air Transat.

À la demande de François Legault, alors président d’Air Transat, j’ai été vice-président des opérations aériennes de 1994 à 1999. En 1994, nous avions 90 pilotes pour faire voler 11 avions. J’ai quitté ce poste en 1999 pour devenir commandant sur un Airbus 330. Cette année-là, nous avions 225 pilotes pour une flotte de six B757, treize L1011 et deux A330. C’est en 1997 que le chiffre d’affaires du Groupe Transat a dépassé le milliard de dollars.

La catastrophe

Le Groupe Transat a fait travailler un grand nombre de personnes dans tous les secteurs de l’exploitation de plus de 50 avions jusqu’en avril 2020. Depuis, c’est la catastrophe.

En période forte, le Groupe Transat a fait travailler quelque 5000 personnes. En février 2021, il n’en restera que quelques dizaines.

Je vous regarde à l’occasion lors de vos conférences de presse, M. Trudeau : je conviens que vous travaillez très fort, comme vous dites, pour contrer ce foutu virus qu’est la COVID-19. En tant que chef de la nation canadienne, il m’apparaît que vous devriez aider l’industrie aérienne du Canada. Les États-Unis ont aidé à coup de centaines de milliards de dollars leurs transporteurs nationaux et internationaux. Beaucoup de pays européens ont fait de même. Ici, au Canada : NIET.

Il est triste de voir l’industrie aéronautique s’écraser sous le regard non intéressé des élus politiques. J’ai vu dans le passé le gouvernement fédéral aider l’industrie automobile, que se passe t-il pour l’industrie aéronautique au Canada ? Les compagnies aériennes génèrent des milliards de dollars par année, pourquoi cette hésitation à les aider pendant cette période de crise ?

J’ai écrit ce texte afin de soutenir les mécaniciens, agents de bord, pilotes, agents au comptoir, etc., de toutes les compagnies aériennes qui sont affectés par des mises à pied temporaires, voire permanentes. Je termine en plaidant la cause d’Air Transat pour un facteur important : cette compagnie représente beaucoup pour les Québécois, et ceux-ci représentent beaucoup pour les politiciens.

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