En cette semaine de la reconnaissance des enseignants sur fond de débrayage attendu, j’espère que vous me permettrez, Monsieur Lagacé, d’emprunter votre question consacrée. Malgré les 16 chroniques que vous lui avez consacrées, il semble que sa pertinence ne s’essouffle pas. La réponse ne saute pas toujours aux yeux, mais il faut admettre que le portrait que vous dessinez depuis quelques années n’est vraiment pas rose. C’est même plutôt inquiétant.

Pourtant, depuis le début de cette pandémie, nous avons senti un certain vent de changement. Certes, la COVID a bousculé le milieu de l’éducation. Elle a exposé ses failles et étiré ses ressources. Étonnamment, c’est dans ce contexte de crise, plus que jamais auparavant, que j’ai eu envie de répondre sans hésiter à votre question.

Oui, l’école est importante au Québec.

En tant que mère, je suis soulagée de vivre dans une société qui a mis l’école au premier plan ces derniers temps. Des choix difficiles se sont imposés depuis mars dernier et nous pouvons nous réjouir que le gouvernement ait choisi de prioriser l’école. Oui, la logistique se révèle complexe. Et, oui, il y a eu des ratés. Mais, dans l’ensemble, nous avons collectivement tout mis en œuvre pour que les élèves québécois aient une expérience scolaire la plus normale possible. Nous avons de quoi être fiers.

Chez nos voisins du Sud, un tiers des élèves n’a pas mis les pieds à l’école depuis mars dernier. Nous n’en prenons pas pleinement la mesure encore, mais cela ne sera pas sans conséquence.

Bien entendu, plusieurs facteurs ont contribué à ces fermetures prolongées. À n’en pas douter, les immenses syndicats de professeurs américains y ont joué un rôle clé. Évidemment, par définition, les syndicats ont le mandat de protéger leurs membres, et tout le monde s’entend, la COVID constitue un danger. Or, nos enseignants nous l’ont courageusement démontré : il est envisageable de braver le coronavirus pour assurer le développement de nos enfants.

Cela dit, des précautions s’imposaient. Et d’autres s’imposent encore. Nous devons poursuivre l’amélioration des mesures sanitaires en place dans nos écoles, et ce, afin d’offrir un environnement le plus sécuritaire possible au personnel. À cet égard, la question de la ventilation ne pourra pas être éludée éternellement. Le gouvernement devra bientôt cesser de la balayer sous le tapis. Malgré tout, les choses vont rondement dans nos écoles et nous rattrapons peu à peu les retards.

Récemment, une menace de grève est venue assombrir un peu le tableau que je viens de brosser. Nous en comprenons les fondements. La tâche des enseignants s’est notablement alourdie ; leur réalité s’est grandement compliquée.

Dans les circonstances, tout un chacun reconnaît l’ampleur des efforts additionnels que l’ensemble du réseau a investis sans compter. Il va sans dire que le gouvernement devrait emboîter le pas. L’État aurait dû faire preuve de proactivité dans ce dossier. D’ailleurs, si le Ministère avait offert d’emblée de payer les heures supplémentaires, nous n’en serions sûrement pas là. Nous y sommes pourtant. Un débrayage appréhendé se concrétise, au grand dam des parents. Lorsque nous entendons les représentants syndicaux nous implorer de soutenir leurs mandats de grève, nous tombons un peu de nos chaises.

Soudain, la question de M. Lagacé revient nous hanter. Bien que nous appuyions résolument les demandes des professeurs, nous pourrions certainement nous passer de ce moyen qui apparaît malavisé dans les circonstances. Les travailleurs essentiels sont épuisés eux aussi. Ils présentent des doléances légitimes eux aussi. Cependant, ils n’envisagent pas de marquer une pause, car l’importance capitale de leur emploi les en empêche. Beaucoup de parents et d’élèves considèrent l’enseignement comme un métier tout aussi essentiel. À l’occasion de la semaine des enseignants, c’est sans doute la plus grande reconnaissance que nous pouvons leur témoigner.

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