Depuis presque 20 ans, le projet d’établir un pôle logistique à valeur ajoutée dans le secteur Assomption Sud est débattu. Le conseil municipal de Montréal avait même adopté à l’unanimité une motion allant dans ce sens en 2012.

Le choix du site d’Assomption Sud n’a rien de surprenant puisqu’il jouit d’une localisation stratégique indéniable, est adossé aux installations portuaires et est traversé par d’importantes infrastructures routières et ferroviaires.

En 2015, la réalisation du pôle logistique a franchi une étape concrète lorsque les entreprises Gaia et Ray-Mont Logistiques ont acquis les terrains de l’ancienne Canadian Steel Foundries pour y établir une plateforme logistique intermodale.

C’est dans ce contexte que, comme élus de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), nous avions fait adopter un règlement qui, sans compromettre le développement économique de ce secteur, offrait de solides garanties en matière de qualité de vie aux citoyens riverains.

En effet, nous avons toujours eu à l’esprit que si le site d’accueil proposé pour le pôle logistique comportait une gare de triage, des zones d’entreposage et de multiples entreprises, il était aussi le lieu où vivaient 3470 ménages et où travaillaient 7000 personnes.

C’est en ayant toutes ces nuances en tête que nous avons proposé, en 2016, un règlement d’urbanisme, contre lequel nos collègues de Projet Montréal, Laurence Lavigne Lalonde et Éric Alan Caldwell, ont voté. Ce règlement prévoyait entre autres :
• l’exclusion de ce secteur des activités de transbordement de conteneurs. Notre conviction étant que celles-ci ne présentaient aucune valeur ajoutée ;

• l’obligation à Ray-Mont Logistiques de construire un bâtiment représentant le tiers de la superficie du terrain afin d’éviter l’entreposage extérieur ;

• la soumission à des objectifs et critères bien précis en matière de gestion des nuisances pour Ray-Mont Logistiques : aménagement de terrains et bâtiment avec comme objectif la réduction des îlots de chaleur, obligation d’un toit blanc, captation des eaux de pluie, mise en place d’un bassin de rétention, etc. Tout cela parce que nous souhaitions un développement économique vert.

Ce règlement n’a pas été modifié depuis 2017, bien que le nom du secteur ait été changé pour celui de « l’Écoparc industriel de la Grande Prairie ». Ainsi, les orientations que nous avions proposées sont demeurées.

Or, le règlement a été contesté judiciairement par le propriétaire du terrain et, dans cette foulée, le 14 janvier dernier, la Cour d’appel du Québec a rendu son jugement et a enjoint à l’arrondissement MHM de délivrer le permis et le certificat d’occupation à Ray-Mont Logistiques.

Nous avons appris avec consternation que la conseillère de Maisonneuve–Longue-Pointe, Laurence Lavigne Lalonde, et le maire Pierre Lessard-Blais considéraient le dossier de l’Assomption Sud comme étant clos, hormis les travaux de l’instance de concertation Assomption Sud–Longue-Pointe récemment créée. Cette attitude n’est pas celle que l’on attend des élus. D’autant que ceux-ci, non sans démagogie, avaient contesté notre règlement et le projet de la Cité logistique.

Si nous étions l’administration, tant en arrondissement qu’à l’hôtel de ville de Montréal, nous ferions les gestes suivants :

• acquisition du terrain de Ray-Mont Logistiques, si les conditions le permettent, et ce, dans le respect de l’utilisation judicieuse des fonds publics ;

• planification d’une station du Réseau express métropolitain (REM) par la Caisse de dépôt dans le secteur Assomption nous autorisant à voir avec le gouvernement du Québec les besoins d’acquisition de terrains et une aide financière conséquente dans ce dossier ;

• création par la Ville de Montréal d’un OBNL, en partenariat avec le secteur privé, qui va s’assurer d’un déploiement harmonieux et intégré à son environnement du pôle logistique, en marge des travaux de l’instance de concertation, qui réunira les parties prenantes et évoluera dans le temps ;

• mise à contribution du gouvernement du Québec, par l'entremise de sa Stratégie maritime, qui prévoyait une enveloppe de 100 millions de dollars pour répondre aux besoins en infrastructures publiques des municipalités qui souhaitaient mettre en valeur une zone industrialo-portuaire.

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