Vivement des soupapes pour les Québécois

Nous ne sommes pas issus de Canadiens français qui ont été catholiques jusqu’aux oreilles pendant 300 ans sans que cela ne laisse des traces.

Les curés sont à nouveau partout, nous appelant à respecter scrupuleusement les règles sanitaires, en plus d’être prêts à souffrir avec les « anges gardiens » qui sauvent des vies dans les hôpitaux. Et puisqu’à des anges il faut des diables, les irresponsables qui se font griller les fesses au soleil dans les hôtels tout inclus feront l’affaire.

Qu’importe aux puritains de la souffrance solidaire que cette dernière ne soit pas utile dans la lutte contre le virus ! Qu’importe le traitement odieux réservé à des gens honorables comme Pierre Arcand ! Il en va de l’exemplarité et de la morale.

À la lettre !

Les adeptes du risque zéro et du principe de précaution tous azimuts s’avèrent manifestement incapables d’assumer le fait que nous mourrons tous un jour.

On a parfois l’impression que nous ne vivons plus en démocratie libérale, mais dans un État sanitaire moralisateur à la québécoise où il faut marcher au pas. « Observez les consignes à la lettre », enjoint un message gouvernemental.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« Il n’y a pas de raison d’attendre un rétablissement sanitaire complet, qui pourrait tarder longtemps, avant de rouvrir restaurants, cinémas et théâtres, auxquels on pourrait ajouter les librairies », plaide l’auteur.

Après des mois de lavage de cerveau par des médias ne parlant plus que de cela, des experts nous lancent, sur un ton de plus en plus irrité, que nous ne comprendrons décidément jamais rien, le salut restant possible si nous consentons à des pénitences encore plus sévères.

Cette crise, où l’on se compare constamment aux autres sociétés, constitue un puissant révélateur de ce que sont les peuples. Que l’on pense à la France où le président Emmanuel Macron se plaignait la semaine dernière de ce que son pays était composé de 66 millions de critiques de lui-même…

C’est un avantage pour les Français qui ne suivent pas intégralement les consignes, le phénomène spécifiquement québécois des boucs émissaires sur lesquels on tape n’existant pas là-bas, envers honteux de notre appui total au gouvernement.

La récompense du premier ministre François Legault et de son équipe pour leurs héroïques efforts dans cette crise a été cet exceptionnel appui des Québécois, le problème étant que cela les a déshabitués de la critique.

C’est ainsi que, refusant de reconnaitre l’absurdité de soumettre les sans-abris à un couvre-feu, le premier ministre notait qu’une critique à ce sujet pouvait nous diviser, l’exemple de Donald Trump montrant où cela pouvait mener…

Toujours plus !

Cela a commencé par presque rien, le masque juste recommandé, puis obligatoire, maintenant imposé aux enfants du primaire. Plus la fermeture – au départ temporaire – des restaurants, théâtres et cinémas qui n’ont pas rouvert depuis. Ajoutez l’interdiction de recevoir d’autres gens que sa famille – pardon, sa bulle ! –, les personnes seules silencieusement enfermées dans leur isolement. Plus les commerces non essentiels. Plus le couvre-feu sous peine d’amendes de 1500 $.

Quoi encore ? Une restriction en amène une autre, souvent moins par souci d’efficacité que par cohérence, rendant très difficiles les retours en arrière : si une mesure semble marcher, pourquoi l’abandonner ? Si elle ne marche pas, il en faut une nouvelle.

Le résultat est une microgestion souvent absurde et liberticide des comportements les plus intimes des Québécois déchirés entre leur peur d’attraper le virus et leur culpabilité de poser les gestes élémentaires de la vie.

Au-delà d’un unanimisme devenu contre-productif, il nous reste heureusement la liberté de penser…

Les restaurants

Avec les variants du virus, plusieurs en appelleront sans doute à d’autres limitations des contacts sociaux, alors que certains estimeront que cette chasse sans fin aux contacts est en train de tuer jeunes, vieux, en santé ou malades, plus sûrement que le virus.

Alors que les vaccins tardent, le gouvernement semble heureusement disposé à offrir des soupapes aux Québécois qui sont en train de virer fous, sur la base d’une amélioration des chiffres de la Santé publique.

François Legault a annoncé mardi un relâchement possible, à compter du 8 février, des mesures de restrictions dans certaines régions où il n’y presque plus de nouveau cas de contamination, faire souffrir des Québécois juste par solidarité avec d’autres Québécois étant absurde.

Une autre piste à explorer, ce sont ces puissants vecteurs de joie de vivre que sont les restaurants, les cinémas, les théâtres.

Rappelons que nous avons été l’une des premières sociétés à fermer complètement les restaurants dès octobre, bien qu’ils ne soient pas des vecteurs de contamination et sans que ce ne soit une recommandation de la Santé publique. Contrairement à ici, dans la plupart des autres pays, les restaurants ont été à plusieurs reprises fermés puis rouverts sous certaines contraintes.

Il n’y a pas de raison d’attendre un rétablissement sanitaire complet, qui pourrait tarder longtemps, avant de rouvrir restaurants, cinémas et théâtres, auxquels on pourrait ajouter les librairies.

On aurait enfin une bonne nouvelle, une injection de vie qui nous remonterait le moral tout en renversant la spirale infernale du « toujours plus ! » dans laquelle nous sommes enfermés.

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