Près d’un an après le début de cette pandémie et nous y revoilà : les enfants retournent à l’école en plein confinement, tandis que la société se demande s’il s’agit là d’une bonne décision. Personne ne ressortira victorieux de ce débat ; la solution idéale ne sera probablement jamais connue.

Ce qui est de plus en plus évident, toutefois, c’est la façon dont le gouvernement Legault discrédite le personnel enseignant et le système d’éducation, place les parents devant une double contrainte (une situation sans gagnant) et malmène la santé mentale des Québécois pris entre deux feux : la santé publique et l’enseignement public.

Alors que le système de santé est au point de rupture et que des décisions à savoir qui recevra des soins intensifs sont sur le point de devenir une triste réalité, le Québec est sous le coup d’un couvre-feu, à l’échelle de la province, en conjonction avec la fermeture de tout ce qui est jugé non essentiel, ainsi que des restrictions sur ce qui peut être acheté et sur les rassemblements.

Bien que le navire prenne rapidement l’eau, et que tout le monde doive être sur le pont pour l’empêcher de couler, la CAQ se rallie toujours à l’idée illusoire que de retourner des millions d’enfants dans des classes bondées n’a rien de préoccupant.

Les parents et le personnel enseignant doivent-ils accepter qu’il ne faille pas sortir de la maison entre 20 h et 5 h, mais qu’au lever du soleil, il soit sécuritaire d’envoyer nos enfants à l’école, heureux, selon François Legault, de retrouver leur enseignant ? Qu’on me pince, quelqu’un, pour m’assurer que je ne rêve pas.

Notre famille a appris à ses dépens à l’automne que ces visages « heureux » s’évanouissent rapidement lorsqu’une bulle-classe éclate en raison d’un résultat positif à la COVID-19. Des foyers entiers se retrouvent dans la tourmente alors que des tests sont administrés, que l’isolement est imposé et que les 14 jours d’attente commencent. Soyez assuré que personne ne sourit en tentant d’isoler un enfant chez lui, de le tenir à l’écart de ses parents et de ses frères et sœurs, tandis que la famille attend impatiemment de savoir si elle sera la prochaine dans la ligne de mire du virus. Pour quelle raison ? Parce que notre gouvernement n’a donné aucun choix aux familles qui doivent retourner leurs enfants sur les bancs d’école malgré des préoccupations légitimes.

Des familles prêtes à la transition

Naturellement, tout le monde ne veut pas ou ne peut pas intégrer l’enseignement à distance à temps plein pour ses enfants, et plusieurs raisons justifient que certains jeunes doivent être physiquement en classe. Toutefois, bon nombre de familles sont prêtes à la transition vers l’école en ligne et c’est d’ailleurs ce qu’elles souhaitent, si seulement la possibilité leur était offerte. Un système hybride comme celui proposé en Ontario continue cependant d’échapper aux Québécois.

Le manque de confiance, de respect et de soutien du gouvernement à l’égard du personnel scolaire et du système d’éducation est de plus en plus manifeste. À maintes reprises au cours de cette pandémie, la CAQ a discrédité le personnel enseignant, le maintenant dans l’ignorance jusqu’à la toute dernière minute, traitant ses membres comme des marionnettes tirées par des ficelles plutôt que comme des spécialistes dont l’expérience et l’expertise sont essentielles à la prise des décisions actuelles.

Plusieurs de ces décisions, comme la déroutante affirmation faite récemment que les systèmes de filtration d’air ne sont pas utiles dans les classes, se traduisent sans peine en un prétexte pour éviter d’investir dans les écoles et en éducation.

En tant que parent, les excuses que notre gouvernement nous présente depuis des mois pour garder les écoles ouvertes m’exaspèrent. Notre famille suit consciencieusement l’ensemble des directives de la Santé publique. Nous faisons de notre mieux pour assurer notre sécurité, ainsi que celle de nos amis et de nos proches plus âgés. Pourtant, chaque jour, nous devons envoyer les enfants à l’école, sachant que malgré nos efforts, une donnée inconnue nous échappe puisqu’elle se retrouve entre les mains d’un gouvernement qui affirme s’en servir pour assurer le bonheur et la santé de nos enfants. Heureusement, le couvre-feu nous permet un temps de réflexion, alors que nous tentons de comprendre l’incompréhensible.

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