Les auteurs s’adressent au premier ministre du Québec, François Legault

L’accès à l’internet en région est problématique depuis plusieurs années. À ce jour, 340 000 foyers en sont privés ou alors ne bénéficient pas d’une connexion décente. Avec 2 ou 3 personnes par ménage, en moyenne, c’est 780 000 personnes qui sont touchées, près de 10 % de la population du Québec, par ailleurs largement localisées dans la couronne nord de Montréal, majoritairement caquiste.

Dans une société avancée comme la nôtre, cette situation est intolérable, voire honteuse. Avec la pandémie qui prend de la vigueur, de nombreux citoyens seront laissés pour compte, encore une fois. Il est évidemment trop tard pour espérer que la situation soit corrigée avant la fin de la pandémie : il fallait y penser plus tôt. Malgré de nombreux appels au cours des années, nos gouvernements ont fait la sourde oreille.

Les citoyens sont pris en otage. Quelles options s’offrent à eux ? Certaines communautés ont choisi la voie des OBNL (organismes à but non lucratif) pour le déploiement de la fibre optique – ce que le gouvernement n’encourage pas – et se heurtent au problème des poteaux et à la dictature de Bell. Cela ne nous avance pas.

Quel est le plan ?

Il n’y a eu aucun progrès significatif en ce qui concerne ce dossier depuis le printemps dernier, lorsque Québec a annoncé que 62 000 foyers allaient être branchés. Le sont-ils ? Silence radio depuis. Quel est le plan pour brancher tout le Québec d’ici l’été 2022, comme promis par la CAQ ? On nous a bien annoncé des assouplissements dans les processus de Bell pour l’octroi des permis. Il était temps, mais ce n’est pas un plan et on ne peut que douter de la bonne volonté de Bell.

Comment peut-on s’en remettre à Bell, un piètre citoyen corporatif, pour régler ce problème fondamental qui concerne l’ensemble des activités de notre société ?

La topographie du Québec est accidentée. À quelques dizaines de kilomètres du Saint-Laurent, montagnes et forêts sont partout. Le signal cellulaire est déficient dès qu’on s’éloigne des grands axes routiers et l’« internet résidentiel sans fil » est au mieux aléatoire. Une connexion satellitaire est en principe meilleure, mais est très variable en fonction de l’environnement immédiat et des conditions météo ; une petite enquête maison que nous avons menée auprès de près de 400 personnes révèle que 72 % sont peu ou non satisfaits du service. Une connexion filaire (fibre optique) est impérative et, pour qui connaît le terrain, penser autrement est indéfendable.

L’absence de plan concret, des annonces qui prévoient des « assouplissements », des projets qui n’avancent pas, des stratégies qui relèvent d’acteurs « intéressés » (par leur propres intérêts) : tout cela devient exaspérant. Le gouvernement a certes bien des soucis en ce moment, mais il se trouve que pandémie et internet sont indissociables. Nous réitérons la question, M. Legault : à un an et demi de la date butoir, quel est le plan ?

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