Le 15 décembre, le premier ministre Legault a interpellé solennellement les Québécois en leur demandant de respecter les recommandations sanitaires pendant la période des Fêtes avec bon espoir qu’en janvier la situation serait meilleure. Il avait confiance en nous, car pour une rare fois nous enregistrions de meilleurs résultats que l’Ontario.

Parmi ces propos l’on comptait les suivants : « Nous voyons la lumière au bout du tunnel, même si elle est encore loin » ; « La bonne nouvelle est que lorsqu’on se compare aux États-Unis et autres pays en Europe, on voit que dans la deuxième vague on s’en sort mieux sur à peu près tous les indicateurs » ; « Un gros bravo aux Québécois, il y a eu moins de contacts, les Québécois ont respecté les consignes » ; « On vous présente le plan pause du temps des Fêtes jusqu’au 11 janvier » ; « Un plan qui nous donne toutes les chances d’aider les employés de la santé, de casser cette deuxième vague pour commencer à déconfiner et d’arriver en 2021 avec des hôpitaux moins débordés » ; « Nous sommes dans le dernier droit pour faire un dernier effort » ; etc.

Nous enregistrions alors en moyenne 1500 cas par jour. Moins d’un mois plus tard, nous sommes à 2600 cas. Probablement à 3500 si nous réalisions 35 000 dépistages par jour comme en décembre. Nous sommes presque au même niveau que les États-Unis ! Proche d’une situation hors de contrôle.

À qui la faute ?

– Un article récent a révélé que 30 % des Québécois n’auraient pas respecté les consignes durant le temps de Fêtes.

– Près de 150 000 Québécois sont allés faire la fête dans le Sud depuis le 15 décembre.

– Près de 20 % des Québécois seraient des gens ne croyant pas à la dangerosité de la COVID-19.

– Le gouvernement fédéral a permis les voyages et mis en place des mesures parfois discutables.

– Le gouvernement provincial tarde depuis juillet à renforcer la ventilation dans les écoles et attend encore les études.

Bref, la plupart d’entre nous avons probablement commis de petits ou grands écarts.

Le but du présent article n’est pas de mettre la faute sur quelques personnes. Mais d’illustrer que prendre des décisions dans l’intérêt supérieur de la société n’est pas facile. Encore plus difficile de faire en sorte que les gens y adhèrent.

La COVID-19 représente pour la majorité d’entre nous notre premier grand défi collectif, n’ayant pas connu de guerre ou de crise sociale importante. Préparons-nous, car nous affronterons probablement plusieurs autres crises sanitaires au cours des prochaines années. En bon Québécois : ça passe ou ça casse !

La vision de chacun et l’intérêt collectif

Mon mentor Jean-Claude Deschênes, ancien mandarin de l’État, illustrait la complexité de notre société grâce à un polyèdre à 10 faces. Chaque côté représente les visions de chacun d’entre nous. Pour le sculpteur, ce polyèdre représente un paysage. Pour un bureaucrate, un presse-papier. Pour un coroner, un objet contondant. Pour un gemmologue, du calcaire cristallin métamorphisé. Pour le chimiste = CaO-SO3-H20. Pour le culturiste, un poids d’exercice. Pour un Italien, une pierre de carrare.

Cet exercice compte deux apprentissages. Le premier, que chacun a le droit à son opinion. Le second, plus important, est que devons décider ultimement à quoi cet objet servira pour le meilleur intérêt de tous.

J’aime reprendre cette image du polyèdre en cette période de crise. Chacun de nous possède sa vision de la COVID-19.

D’un côté ceux prêts à prendre un risque. Certains souhaitent la reprise de l’école pour leurs enfants en bas âge, croyant leur avenir hypothéqué. D’autres refusent le confinement, car celui-ci occasionnera la faillite de leur entreprise. Des célibataires dans des condos qui ne sont plus capables d’êtres seuls et font des rencontres interdites. Des enfants qui décident de se rassembler avec leurs parents vieillissants pour leur donner amour et chaleur. Des juifs hassidiques à Outremont qui ne respectent aucune règle au nom de leur religion. Des skieurs dans une file d’attente qui ne mettent pas leur masque car ils sont 100 % à l’extérieur.

De l’autre côté, ceux qui choisissent la prudence. Une infirmière à Sainte-Justine qui travaille 60 heures par semaine depuis 10 mois et qui n’a jamais été aussi épuisée et découragée. Un médecin pour qui chaque jour est une roulette russe d’être infecté par la COVID-19 puisqu’il est de plus en plus fatigué et exposé. Une personne âgée de 75 ans qui demeure chez elle depuis 10 mois pour nous protéger tout en sachant qu’elle n’a encore que quelques années à vivre. Des milliers de gens qui ne souhaitent pas qu’un médecin doive bientôt avoir à choisir qui aura droit au respirateur entre un jeune de 23 ans qui a fait plusieurs partys et une mère avec des adolescents à sa charge qui a respecté les règles.

Misons sur la confiance collective

La confiance se définit comme un pari sur l’autre avec de bonnes chances d’en sortir gagnant, ensemble. Il est temps de faire ce pari collectif après avoir échoué durant le temps des Fêtes.

Si nous continuons avec nos choix individuels, nous allons tous y perdre, puisque les travailleurs de plusieurs domaines seront privés de leur travail, les enfants de leur école, les patients de leurs soins de santé et nous ne pourrons voir nos proches avant plusieurs mois.

L’épreuve de la COVID-19 est un moment important pour renforcer ou affaiblir notre confiance collective. Appuyons le nouveau confinement pour l’intérêt de tous.

Je m’engage à suivre les recommandations et exigences légales des gouvernements.

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