Nous avons demandé à différentes personnalités ce qu’elles souhaitaient trouver dans leur bas de Noël cette année.

On dit que pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. À mon sens, c’est vrai aussi pour les souhaits de la nouvelle année.

L'année 2021 a été marquante de plusieurs façons. D’un point de vue personnel, elle m’a montré le chemin du laisser-aller et de l’acceptation. Encore et encore. Ça y est, j’ai compris maintenant et je me répète souvent la fameuse citation de Marc Aurèle pour me le rappeler. J’y suis presque. Convenu, me direz-vous ? Peut-être, mais ça fonctionne.

Et comme société, qu’a-t-on appris pendant cette deuxième année de pandémie ? Que le bonheur se trouve souvent dans les petites choses et tout autour de nous ? Que notre temps est précieux ? Que le travail n’est pas tout ? J’aimerais qu’on ait tiré quelque chose de précieux de cette période d’adversité. De la résilience ou, mieux, de la sagesse.

Soyons lucides, nous n’y sommes pas.

Peut-être nous trouvons-nous dans une certaine prise de conscience semi-collective et lente tout au plus. Pas très affirmé, tout ça. Tout reste flou.

Pourtant, tout bon sociologue, anthropologue ou ethnologue, tout bon philosophe sans doute, même du dimanche, sait que des épreuves peuvent surgir une renaissance. Et de cette renaissance peut naître le changement.

La vulnérabilité dans laquelle la pandémie nous a plongés, celle de comprendre que notre vie ne tient pas à grand-chose, celle de sentir que nous ne sommes pas infaillibles, celle d’admettre que nous avons besoin les uns des autres et bien d’autres choses encore, nous a menés vers quoi ? A-t-on déjà oublié ?

Je reste sur ma faim. J’avais pourtant tellement d’espoir.

Les cultures autochtones sont remplies d’histoires, de mythes, de légendes et de prophéties. Ces dernières imaginent à peu près toutes de la même manière un futur proche dans lequel, comme société, tous ensemble, nous devrons faire un choix entre un chemin aride et sombre, et l’autre, vert et luxuriant.

Le premier chemin, vous l’aurez deviné, se veut celui sur lequel nous semblons tous engagés. Celui qui laissera une terre sèche, endommagée et lourde. Le second sentier quant à lui est celui du retour au respect de la terre et des êtres vivants, celui d’un équilibre qui ne tient pas sur un signe de dollar. D’autres histoires, comme chez les Hopis, parlent d’un quatrième monde.

Combien de monde faudra-t-il réinventer pour apprendre ? Sommes-nous si cons ? Je ne fais pas la leçon. Je m’inclus dans tout ça. Mais je réfléchis. Ou j’essaie.

D’abord, l’état des lieux actuels ne me remplit guère de joie. On dirait qu’on se trouve dans un jeu de souque à la corde dans lequel on doit tirer de plus en plus fort de notre bord, à gauche ou à droite, blanc ou noir, pour faire tomber l’autre équipe. Une polarisation extrême qui oublie l’écoute, le respect et la nuance. Pas de pitié pour les autres. Est-ce cela que cette vulnérabilité nous a amené ? Un repli hermétique sur soi ? Ils sont où, nos projets de société ? Certainement pas dans le retour des Nordiques…

Ce que j’espère pour la prochaine année, ce que je nous souhaite à tous, c’est de prendre le temps, au moins une fois et de bonne foi, de changer de souliers avec l’autre, de lunettes si vous préférez, et d’aller marcher quelques minutes dans lesdits souliers ou de voir les choses comme l’autre les voit.

Il faudra mettre de l’effort dans l’inconfort, ajuster les godasses et son focus, certes. Mais si cela nous menait vers une ouverture qui changeait un peu notre regard et qui nous faisait grandir, ensemble ? Il me semble que juste ça, ce serait déjà un pas sur le bon sentier.

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