La Commission de développement économique des Premières Nations Québec-Labrador a récemment dévoilé un logo1 créé par l’artiste algonquin Frank Polson permettant d’authentifier les produits et services réalisés par les membres des communautés des Premières Nations, visant notamment l’art et l’artisanat. Le logo arbore un ours, symbole de respect et de courage, coloré et vibrant à l’image de l’art de M. Polson. L’idée derrière la création d’un logo a été portée par un groupe de femmes des Premières Nations et vise entre autres à contrer l’appropriation culturelle. De nombreux produits et services dits « autochtones » actuellement sur le marché jettent un certain flou sur ce qui est authentique ou non. Le logo pourra ainsi définir un certain label unique qui aura des retombées positives directes pour les membres des Premières Nations.

L’appropriation culturelle est somme toute fréquente, et ce, depuis un moment déjà. Elle n’est pas exclusive aux produits et services autochtones. Cependant, contrairement aux États-Unis, où l’Indian Arts and Crafts Act of 19902 n’autorise la vente d’arts et d’artisanat autochtone que par une personne admissible à obtenir une licence, le Canada, quant à lui, ne dispose pas d’une telle législation. Pour obtenir une licence, les personnes doivent démontrer qu’elles appartiennent à une Nation (Tribe) officiellement reconnue. Les personnes qui contreviennent à cette législation, sont passibles d’amendes civiles ou criminelles pouvant aller jusqu’à 250 000 $ US pour une première offense ou un emprisonnement de cinq ans. De telles dispositions en dissuadent certainement plusieurs de s’approprier indûment le gagne-pain de plusieurs familles autochtones ! Au Canada, si une telle législation existait, la notion de personne admissible ferait fort probablement référence à l’article 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982 : « Dans la présente loi, peuples autochtones du Canada s’entend notamment des Indiens, des Inuit et des Métis du Canada3. »

Dans cette ère de réconciliation, où les possibilités pour les personnes autochtones semblent davantage prometteuses, bon nombre d’individus croient à propos de s’auto-identifier Autochtones (se déclarer Autochtone) et d’exposer l’héritage de leur lointain ancêtre autochtone au jour – un ancêtre plus souvent qu’autrement qui remonte au tout début de la colonisation.

Au passage, plusieurs d’entre eux n’hésitent pas à s’approprier les savoir-faire de différentes Nations ou à prétendre détenir des savoirs (voire à créer de toutes pièces lesdits savoirs) afin de rendre le tout le plus lucratif possible.

Comme il s’avère souvent délicat de dénoncer sur la place publique l’usurpation d’identité, ce qui est, avouons-le, générateur d’une certaine charge émotionnelle, que la plupart des membres des diverses Nations ne désirent pas absorber, la création d’un logo est de toute évidence salutaire.

Au lieu des représailles, des mises en demeure, de l’intimidation – et j’en passe – que produisent généralement les dénonciations, le logo permettra de se focaliser sur l’authenticité de l’artisan ou de l’artisane, sur le savoir millénaire que cet individu porte, et de célébrer, malgré toutes les atteintes du passé aux cultures autochtones, la perpétuité de cet héritage.

Finalement, il est certainement délicat et complexe pour la plupart des gens de bien comprendre les dynamiques entourant l’usurpation d’identité et de s’y repérer convenablement. Cependant, toute personne pourra consciemment opter pour un produit ou un service doté du logo en gage d’authenticité. C’est une démarche porteuse, positive, qui permettra aux personnes désireuses de se procurer ces produits ou services de le faire de la façon la plus éclairée possible. Maintenant, à vous de choisir.

Wli nib8ïamih8mek ta wli ngwejigaden !

(Joyeux Noël et bonne nouvelle année !)

Consultez le site du logo Consultez l’Indian Arts and Crafts Act of 1990 Consultez l’article 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982 Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion