En janvier l’an dernier, le gouvernement imposait des mesures sanitaires très strictes afin de limiter les contacts entre les Québécois. Difficile d’oublier le couvre-feu et l’école à distance. On parlait de gagner une course entre la vaccination et la propagation du variant Delta. Le but des mesures sanitaires était de ralentir la propagation du virus suffisamment afin de permettre au gouvernement de protéger la population par la vaccination.

Avec des vaccins très efficaces, on comprenait tous que c’était viable comme stratégie et, donc, il y avait une sortie de crise envisageable pour le printemps avec un bel été en perspective. On avait certains doutes sur l’acceptabilité vaccinale et les effets secondaires des vaccins. Malgré les quelques poches de résistance dans la population, les Québécois ont très bien répondu à l’appel à la vaccination, et la couverture vaccinale est maintenant très bonne.

Malgré une bonne couverture vaccinale, on prévoyait tout de même à l'automne une lente montée de la transmission communautaire avec le variant Delta, avec un pic après les Fêtes. Il y avait suffisamment d’enfants et d'adultes non vaccinés au Québec pour soutenir une lente montée de la transmission du virus.

La levée de plusieurs mesures sanitaires, l’école en présentiel et la venue du temps froid privilégiant les rencontres à l’intérieur étaient suffisantes pour nourrir cette reprise.

Réviser nos projections

Déjà à la fin de novembre, on a commencé à réviser nos projections avec l’arrivée soudaine du variant Omicron. Il reste quelques incertitudes sur sa sévérité et son échappement vaccinal avec les vaccins de première génération, mais il n’y a plus de doute sur sa grande capacité à se transmettre et son niveau d’infectiosité.

La transmission communautaire d’Omicron est pratiquement mondiale. Avec les sacrifices et les impacts des confinements antérieurs, on est déçus et accablés ; même très déçus. Cependant, face à ce nouveau variant nous ne sommes pas surpris de la réimposition de mesures sanitaires très strictes. Mais déçus, assurément.

Alors encore cet hiver, on va tenter de ralentir à nouveau la transmission communautaire par des mesures sanitaires strictes. OK, alors dans quel but cette fois-ci ? Quelle course essayons-nous de gagner ? Quelle est la lumière au bout du tunnel ? Je me pose ces questions depuis plusieurs jours.

Clairement, on veut éviter le triage de patients causé par un nombre d’hospitalisations qui dépasse nos capacités hospitalières. Les traitements antiviraux, lorsqu’ils seront disponibles, vont aider à sauver des vies, mais cela ne désengorgera pas complètement les hôpitaux. Autant je pouvais avoir bon espoir que la même stratégie l’an dernier allait nous mener à une sortie de crise au printemps 2021, autant j’ai des inquiétudes pour 2022.

Transmission communautaire

Les Américains se font présentement infecter en grand nombre par Omicron. En termes de course, ils vont atteindre une immunité collective par l’infection (et la vaccination) assez rapidement. Présentement, ils visent à contenir Omicron par la vaccination et les tests rapides, mais en ne recourant pas à l’usage de mesures sanitaires strictes. Cette stratégie risque de coûter la vie à énormément d’Américains.

Au Québec, le respect par la population de mesures sanitaires très strictes limitera de beaucoup la transmission communautaire d’Omicron. Cela permettra d’avoir une population avec une forte proportion de personnes susceptibles à l’infection par Omicron.

Même avec une baisse marquée de la transmission communautaire au Québec en début d’hiver 2022, on ne pourra pas lever les mesures sanitaires, car Omicron va tout simplement reprendre sa montée fulgurante en quelques semaines seulement. Alors quand peut-on espérer voir cette lumière au bout du tunnel ?

Essentiellement, la même course que l’an dernier : ralentir suffisamment la transmission communautaire pour permettre à la vaccination de prendre le dessus et de nous immuniser contre Omicron. La vaccination des enfants doit donc se poursuivre et on doit viser une très forte couverture vaccinale. De plus, l’administration de la troisième dose doit se faire rapidement.

Efficacité vaccinale

Cependant, il n’y avait pas beaucoup de doutes l’hiver dernier sur l’efficacité des vaccins administrés au Québec, mis à part les quelques doutes émis sur l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca. Il y a plus de doutes sur l’efficacité de la troisième dose contre le variant Omicron.

Si l’efficacité n’est pas au rendez-vous, une levée des mesures sanitaires au Québec ne sera pas possible. Cela sera d’autant plus difficile que plusieurs pays, dont les États-Unis, seront sortis de crise avec une immunité acquise principalement par l’infection, mais avec un coût énorme en pertes de vie humaine.

Les pharmaceutiques planchent sur des vaccins à large spectre efficaces, non seulement contre Omicron, mais possiblement contre les autres variants qui suivront. Ces vaccins pourraient être offerts à l’hiver-printemps 2022 et sont une autre porte de sortie au cas où la troisième dose ne serait pas efficace. Cela nécessite non seulement d’avoir accès à ces vaccins, mais aussi à une autre campagne de vaccination à l’échelle de la province. Il y a moins d’incertitudes que l’an dernier, car on sait comment faire et on sait que les Québécois relèveront leurs manches pour se faire vacciner si nous avons assez de vaccinateurs.

Il est naturel de s’inquiéter pour nos proches, amis, collègues et voisins qui s’infectent en grand nombre ces jours-ci. Mais il ne faut pas oublier le problème de fond si on ne veut pas rejouer dans ce même film prochainement. On doit augmenter la vaccination mondiale, et ce, avec des vaccins efficaces contre les variants en circulation tels qu'Omicron.

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