La résidence Fulford, organisme caritatif sous la présidence de l’évêque anglican de Montréal, vendra son bâtiment en 2022.

Construite dans les années 1850 et appartenant à James E. Major, la maison a été achetée en 1890 par le Church Home, qui la renomma en 1982 pour devenir la résidence Fulford. Nommée en mémoire de Frances Fulford, épouse du premier évêque anglican de Montréal, cette organisation a été un foyer pour bon nombre de femmes pendant des années.

Remettons-nous à cette époque : l’organisme accueillait beaucoup de femmes immigrantes, jeunes et moins jeunes, à la recherche d’un abri, d’un repas et d’un travail. La mission de ce bâtiment a évolué pour devenir un endroit idéal où accueillir et prendre soin des femmes âgées. Situé au cœur du quartier Peter-McGill, sur la rue Guy, ce bâtiment historique de Montréal attise aujourd’hui la convoitise de plusieurs organismes.

Bien que l’entité responsable de la gestion du bâtiment souhaite que ce dernier continue de venir en aide à la communauté environnante, c’est à se demander si la pérennité de la vocation première propre de la résidence pèsera plus fort dans la balance qu’une offre d’achat très alléchante !

En tant qu’organisme décisif du quartier, il nous apparaît primordial que ce monument historique demeure en harmonie avec sa mission communautaire et que sa valeur patrimoniale soit préservée.

Aujourd’hui, la population de Peter-McGill s’élève à 35 789 personnes, et près du tiers (32 %) vivent seules. En plus des différents problèmes sociaux auxquels ces personnes peuvent faire face, beaucoup vivent dans une situation précaire en raison de leur revenu. Pour vous donner une idée de grandeur, c’est près de la moitié (47,3 %) des personnes vivant seules qui vivent sous le seuil de la pauvreté.

En plus d’une forte population à faible revenu sur son territoire, le quartier Peter McGill est marqué par une forte concentration de population vulnérable visible. Promenez-vous dans les rues du secteur et vous pourrez remarquer la présence accrue d’individus en situation d’itinérance aux prises avec un état de santé physique et mentale fragile, dont certains sont affectés par la toxicomanie ou l’alcoolisme. Bien qu’il existe des organismes et des refuges pour accueillir et aider ce type de clientèle, que ce soit en raison d’un manque de personnel, d’un manque de financement ou d’un manque de lits d’urgence, de logements sociaux et de logements abordables, ces derniers peinent à répondre aux besoins d’une liste croissante de sans-abri, qui comprend de nombreuses femmes.

D’ailleurs, quand on parle de logements sociaux, notons que ce district, bien qu’il compte pour 40,1 % de la population totale de l’arrondissement de Ville-Marie, présente un profond déficit en la matière.

Ce ne sont que 440 logements sociaux qui y sont répertoriés, soit un peu moins de 6 % de l’ensemble des logements sociaux de Ville-Marie. À titre de comparaison, d’autres quartiers de l’arrondissement, comme Saint-Jacques et Sainte-Marie, en comptent respectivement 3727 et 3327 chacun, et ce, pour des populations nettement moins importantes.

Alors, quel avenir devrait-on réserver à la résidence Fulford ? À l’instar des derniers chiffres en matière de logements sociaux et en pourcentage de la population à faible revenu, la réponse nous semble bien évidente. En plus de 130 ans d’histoire, la résidence a été non seulement un lieu de quiétude pour les femmes dans le besoin, mais également un symbole emblématique de la communauté de ce quartier. Aujourd’hui, la communauté, les citoyennes de Peter-McGill ont encore plus besoin de compter sur l’appui d’un établissement à mission sociale. Ensemble, préservons la mémoire et l’héritage de Frances Fulford, la fondatrice de la résidence, et offrons un nouveau logement social aux habitantes de Peter-McGill.

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