Parmi les mesures alternatives qui se sont développées pour faire face au confinement, plusieurs d’entre nous avons appris à utiliser nos réseaux sociaux en mode virtuel. En effet, Zoom, Teams et compagnie ont été largement utilisés lors de réunions d’équipe pour le travail. Lors de ces réunions virtuelles, plusieurs doivent parler. Et pour attendre notre tour ou poser une question, il est de mise de lever une main virtuelle.

Or, une fois notre tour de parole passé, cette main doit être baissée afin de passer la parole à une autre personne. Cependant, plusieurs oublient de baisser leur main virtuelle. C’est donc à ce moment que l’animateur du groupe demande à l’invité distrait s’il s’agit d’une « vieille main » oubliée ou d’une nouvelle question qui va être posée. L’expression « vieille main » est donc apparue dans ce contexte de temps pandémique.

Dans la réalité concrète et non virtuelle, les vieilles mains existent aussi. Ces mains levées pouvant traduire des revendications que les gens soulèvent depuis longtemps. Des revendications et des questions qui ne trouvent jamais de réponse.

Ce qui est étonnant au sujet de ces vieilles mains levées, c’est que nous avons l’impression que plus les questions sont posées depuis longtemps, moins elles suscitent l’intérêt. Mais il n’en est rien. Nous devons comprendre que ces vieilles mains ne doivent pas être baissées étant donné qu’elles datent, mais bien étant donné qu’elles ont trouvé réponse.

De vieilles mains, il y en a partout, tant au point de vue de l’écologie, de la société, de la justice que de la politique.

Les vieilles mains des personnes âgées qui vivent seules en CHSLD et demandent des soins adéquats.

Les vieilles mains d’enfants de la DPJ, lourdement affligés d’expériences malheureuses.

Les vieilles mains des patients atteints de cancer, contestant le report de leurs opérations faute de médecins occupés à soigner leurs patients non vaccinés.

Les vieilles mains de pères et mères de famille de la classe moyenne, accablés par les impôts sans pour autant avoir droit aux services d’un médecin de famille.

Les vieilles mains des pauvres pointant la direction des îles paradisiaques inaccessibles dans lesquelles sont enfouis les capitaux des plus riches.

Les vieilles mains du Sud supportant leurs enfants malades qui revendiquent le droit à une eau propre. Cette même eau gaspillée par leurs voisins du Nord affairés à arroser leurs entrées de garage.

En ce temps de Noël, nous baisserons nos « vieilles mains » virtuelles, car nous nous réunirons pour festoyer. Profitons donc de ce temps où l’amour de l’autre est célébré pour enfin penser aussi à baisser les vieilles mains réelles. Celles-là mêmes qui n’ont plus la force de serrer le poing et de battre la cadence qui mène au changement. Donnons-nous collectivement le temps de les regarder, de les saisir et de les apprécier. Et ne soyons pas si pressés de les éteindre.

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