Le 6 décembre marque la fin des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes et souligne plus particulièrement l’importance de se recueillir en souvenir des 14 jeunes femmes assassinées à Polytechnique en 1989. Il a fallu trop longtemps, plus de 30 ans, pour reconnaître publiquement qu’il s’agissait d’un attentat antiféministe.

Malheureusement, la violence envers les femmes demeure alors que le Québec fait face cette année à une vague de féminicides effarante. Dix-huit femmes ont été assassinées, dont la majorité dans un contexte de violence conjugale ou de violence conjugale postséparation.

Au Québec, plus de 21 000 infractions ont été commises dans un contexte de violence conjugale ; 44 % de ces infractions l’ont été par un ex-partenaire, une augmentation par rapport aux années précédentes.

Non, mettre fin à la relation ne veut pas dire que la femme est protégée de son ex-conjoint. Bien au contraire, c’est le moment le plus dangereux pour elle et ses enfants.

Chaque fois, mon cœur de femme, de mère, de sœur et d’amie se serre, car je constate que ces féminicides prennent de moins en moins de place dans l’actualité. Il ne faut pas que les féminicides deviennent un fait divers parmi tant d’autres, puisqu’il est possible de les prévenir et que nous avons tous un rôle à jouer pour y parvenir.

Du travail à accomplir

Le gouvernement du Québec a annoncé des mesures afin d’améliorer l’accompagnement judiciaire offert aux victimes. Nous saluons plusieurs avancées majeures, dont la création d’un tribunal spécialisé, la formation des différents acteurs du système judiciaire et l’instauration d’un bracelet anti-rapprochement.

Il reste cependant du travail à accomplir pour s’assurer de la cohérence de l’ensemble des mesures mises en place et, pour cela, il est primordial que le gouvernement continue de travailler avec les groupes spécialisés en violence conjugale.

Comme maison d’hébergement, La Dauphinelle peut maintenant offrir des services aux femmes même si elles ne sont pas en hébergement, notamment en les accompagnant en suivi externe pour évaluer la dangerosité de leur situation et mettre en place un plan de sécurité.

Sensibilisation collective

N’oublions pas non plus que la protection des victimes passe par la sensibilisation collective. Ainsi, nous nous déplaçons dans les organismes et les entreprises pour outiller les intervenants et les professionnels en vue d’agir contre la violence conjugale.

Nos campagnes ne visent pas seulement à combattre les préjugés et les idées préconçues sur le profil des victimes, mais également à expliquer les différentes formes que prennent la violence conjugale et la violence conjugale postséparation.

Les personnes en mesure de comprendre que la violence conjugale ne se limite pas à la violence physique peuvent ainsi poser les bonnes questions à leurs proches ou à leurs collègues si elles ont des inquiétudes.

Notre but n’est pas de les transformer en intervenantes, mais plutôt de les outiller pour qu’elles maintiennent un lien avec les victimes et puissent les orienter vers les ressources appropriées. Chaque geste compte pour prévenir un féminicide.

Posons-nous ces questions : est-ce normal qu’au Québec, une femme craigne de mourir après une séparation ? Est-ce normal qu’au Québec, une femme craigne que ses enfants soient tués si elle quitte son conjoint ? Est-ce normal qu’au Québec, la mère d’une femme victime de violence conjugale craigne d’être assassinée si sa fille quitte son conjoint ? Enfin, au Québec, est-ce normal d’en être rendu à compter les orphelins de ces mères dont la vie a été volée trop tôt ?

Je pense que la réponse va de soi, alors continuons de nous mobiliser et agissons collectivement pour dire : « Assez, c’est assez ! »

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